Editorial : Trois parfums du temps présent

Les relations entre Chine et Etats-Unis sont à l’orage. La tension provient de deux incidents – à vrai dire tous deux initiés depuis l’Amérique.

Le premier fut la dénonciation sèche le 10 juin, du projet de 370 km de TGV américain, 370km de Las Vegas à Los Angeles. CRI (China Railways International) devait délocaliser une part de la production. Peu locace, la partie américaine justifie le retrait par « des difficultés de CRI à tenir l’agenda », à « obtenir à temps la licence »… Pour l’industrie ferroviaire Céleste, c’est un coup dur, qui la prive de son seul fruit tangible à l’export en 20 ans d’efforts.

Le second calice que Pékin a dû boire, est politique : Barak Obama reçut le 15 juin le Dalai Lama au Salon des cartes à la Maison Blanche. Depuis des années, nul chef d’Etat n’avait osé une telle démarche, de peur d’encourir les foudres de Pékin. La veille encore, un porte-parole chinois accusait le pontife lamaïste de « colporter de par le monde ses ambitions de diviser la Chine » et avertissait que la rencontre, dût-elle avoir lieu, heurterait les sentiments du peuple chinois et endommagerait durablement la confiance mutuelle… Obama n’en a pas tenu compte. A 7 mois de la fin de son mandat, il ne prend plus de gants. Il ne s’est pas expliqué sur ses motivations : elles peuvent être une amitié ancienne entre les deux hommes, mais aussi une critique de l’expansion de Pékin en cette mer de Chine du Sud, et de sa tentative de modifier le droit maritime en sa faveur…

Autre sujet, le Parc Disney de Shanghai ouvrait le 16 juin, un espace de rêve qui n’aura manifestement pas manqué son rendez-vous auprès des habitants de la « tête du Dragon » (surnom de la métropole du Yangtzé). Deux semaines à l’avance, tous les billets étaient vendus, de 370 à 499 yuans. Murray King son vice-président, prédit 1300 yuans de dépenses sur place par visiteur, en frais d’hôtel, de restaurants et de souvenirs. En tablant sur la clientèle potentielle des 330 millions d’habitants de la bande côtière à 3 heures de TGV, les rentrées annuelles devraient s’élever à  19,5 milliards de yuans, frôlant 1% du PIB de la ville. Certaines voix critiques avaient prédit une désaffection du public local, à ce parc de loisirs aux thèmes pas assez chinois. Mais à ce qui semble, la métropole semble au contraire plutôt fière de disposer d’un espace « venu d’ailleurs ». Le professeur He Jianmin, de l’université shanghaïenne d’économie et finances, table sur la réussite d’un site permettant aux gens de se défouler dans une ambiance rafraichissante, contant des histoires  aux origines et valeurs différentes !  

Dernier point : la campagne anticorruption, et le changement de perspectives qu’elle induit auprès de la population après deux ans de poursuite à boulets rouges. Ainsi, pour dissuader ses lecteurs de céder à la tentation, le quotidien de la CCID (police anticorruption) fait appel à la saga du « Seigneur des anneaux », et avertit les candidats à la corruption de résister à leurs tentations pour éviter le sort de Gollum, le vilain personnage du roman, victime de ses désirs excessifs. 

La tentation pourtant, n’est plus ce qu’elle était : les cadres du Shanxi, une province dévastée l’an dernier par les arrestations massive de ses responsables, et son bureau politique quasi-entièrement décapité,  « n’osent plus » se laisser soudoyer.

Et un autre sondage auprès des femmes d’apparatchiks aboutit à cette révélation hilarante : ces dernières, quadra– ou quinquagénaires vouent toute leur gratitude envers la campagne de Xi Jinping. Désormais fidèles, leurs maris délaissent leurs « petits miels » et recommencent à vivre en famille. Les couples, et la morale sont enfin saufs !

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1 Commentaire
  1. severy

    Des femmes d’apparat chic qui voient revenir au bercail les mâles qui s’ennuyaient d’elles… cela n’augure rien de bien. Il va y avoir une vaguelette de séparations avec transfert d’espèces sonnantes et trébuchantes à la clef.

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