Le remous en mer de Chine du Sud ne tarit pas, face à l’expansion d’une Chine qui en revendique 90%. La saga ne baisse jamais d’intensité, dans l’attente du verdict de la Cour de la Haye suite à la plainte des Philippines.
Le 2 juin à Singapour s’ouvrait le Sommet de Sécurité Shangri-La entre 20 pays de la région. Pour les acteurs majeurs, USA et Chine, c’était l’ultime chance d’obtenir le soutien des nations. En terme d’image, une majorité derrière les USA ferait payer plus cher à la Chine son rejet du jugement de la cour d’arbitrage, et une majorité d’abstentions aurait l’effet inverse.
Bizarre, à un moment où elle pourrait souhaiter faire profil bas, Pékin au contraire, lance ses flottes en eaux malaises et indonésiennes – au-delà même des zones qu’elle revendique. En mars, une vedette maritime malaise s’est trouvée au large de Sarawak, face à une « collègue » chinoise qui la chargea à coup de trompe marine. Depuis, Kuala Lumpur pense à y installer une base navale. De même, fin mai, au large des îles indonésiennes Natuna, un garde-côtes chinois tenta, pour la seconde fois en 2 mois, de libérer un de ses chalutiers surpris à braconner. Mais cette fois, l’Indonésie était prête, et avait sorti un destroyer. Le policier chinois dut laisser à son sort son compatriote en faute…
Autre escalade, la rumeur prête à Pékin l’intention d’imposer sa zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) autour des Spratleys, deux ans après l’avoir fait en mer de Chine de l’Est. Si elle le fait, Vietnam, Philippines et Malaisie feront de même, créant ainsi une cacophonie d’ADIZs contradictoires – peut-être explosives.
Côté diplomatique cependant, une donnée fondamentale vient de changer. Fer de lance jusqu’à hier de la rébellion contre la Chine, les Philippines viennent d’élire le Président R. Duterte qui s’avère, contre toute attente, mieux disposé envers Pékin. Duterte exige toujours le respect de la souveraineté nationale sur la bande des 200 milles marins (selon la convention du Droit de la mer), mais il offre de négocier en bilatéral, et se distancie de Washington. Aux anges, Pékin s’empresse d’accepter.
Pourtant sans en avoir l’air, Duterte ne prend nul risque. La Chine a tout intérêt à trouver l’entente avec lui, pour diviser ses adversaires. Même à des conditions très généreuses. Une telle entente comporte certes le risque de devoir plus tard étendre ces concessions à tous les requérants.
1 Commentaire
severy
4 juin 2016 à 18:31Je propose à tous le pays concernés de choisir pour hymne la chanson de Charles Trenet : « Boum! ».