Toute en mystère, la Chine revendique ces jours-ci une surprenante avancée technologique : celle du groupe d’Etat AECC (Aero Engine Corp. of China) dans le domaine des aubes aéronautiques pour moteurs d’avion. Avare de détails, la presse locale affirme en effet que ce géant (96.000 actifs) serait entré en négociations avec une entreprise allemande non citée– peut-être MTU, de Friedrichshafen – pour lui livrer des ailettes de turbine plus performantes que celles actuellement disponibles sur le marché mondial.
AECC est née en août 2016 de la fusion de trois filiales d’AVIC – une création stratégique et un effort très politique du régime pour s’affranchir de sa dépendance à 100% en matière de réacteurs d’aviation. Pour les chasseurs bombardiers militaires, elle utilise des réacteurs fournis par la Russie, et pour ses transporteurs civils, ceux des Etats-Unis (GE), de France (CFM) et du Royaume-Uni (Rolls-Royce). Il s’agissait de s’assurer l’autonomie en un domaine où les pays détenteurs ne sont pas forcément vendeurs. Ces négociations en cours avec l’Allemagne, traduiraient donc un rattrapage spectaculaire, obtenu en 18 mois à peine.
MTU fournit aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à la France des turbines de réacteurs pour des appareils tels l’Eurofighter Typhoon ou l’Airbus militaire A400M Atlas. Depuis sa place forte de Xi’an (Shaanxi), AECC serait donc en état, à en croire la presse, de lui livrer des aubes aéronautiques de structure creuse, pour un gain de poids et de solidité ; un alliage monocristallin, et un placage pour gagner quelques centaines de degrés centigrades avant la fusion. Il est aussi question, au niveau « outillage », d’une perceuse-laser permettant de forer des micro-passages à travers l’ailette, accélérant le refroidissement.
Mais AECC ne limite pas ces palabres aux ventes : le consortium chercherait aussi à obtenir du constructeur allemand des compresseurs, domaine d’excellence de MTU, où la Chine conserve un retard certain. Mais à en croire les sources (anonymes) du South China Morning Post, deux soucis pourraient faire capoter les conciliabules. L’OTAN d’abord, dont la Chine ne fait évidemment pas partie : la solidarité atlantique en matière de défense, pourrait faire interdire un tel échange de technologies. Compte ensuite aussi, le risque que ces procédés aient été piratés à d’autres pays par des ingénieurs chinois au cours d’années d’emploi chez l’un ou l’autre des constructeurs mondiaux. L’aspect de secret de ce secteur, pour des raisons commerciales et militaires évidentes, n’aide pas à y voir plus clair. Toutefois, la demande chinoise en milliers d’avions civils et militaires à motoriser sous 20 ans, permet de deviner un marché en centaines de milliards de dollars.
1 Commentaire
severy
21 janvier 2018 à 00:53Que les voleurs soient prudents. Dans piratage, il y a ratage.