Editorial : Des vents en tous sens…

Face à l’immense vague de pollution qui vient de prendre la Chine à la gorge, la population, comme à son habitude, fait preuve d’un humour sarcastique en inventant un nouveau terme  pour le smog : « mayun » (马云)ou « nuage de chevaux » – le nuage de poussière des gangsters attaquant la ville à triple galop dans les westerns…
Mais pour l’Etat, c’est l’heure des excuses, quasi-quotidiennes. Le 12 janvier, l’Etat publie 720 arrestations pour fraude écologique. C’est le chiffre de 2016, et c’est peu de monde pour le pays le plus peuplé de la planète. Mais gageons que les semaines à venir seront fertiles en remises à jour.
Autre annonce apologétique : d’ici juin, cette fois c’est promis, toutes les aciéries non conformes aux standards, seraient fermées, démantelées, impossibles à rouvrir en catimini. Un engagement déjà maintes fois pris, et que la Chine prend avec scepticisme !

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L’intronisation de Donald Trump à la barre des Etats-Unis au 20 janvier, inquiète, en Chine comme ailleurs. Il faut bien le dire, dire, le fantasque bientôt Président ne fait rien pour rassurer : dans son équipe, le futur Secrétaire d’Etat R. Tillerson promet à Pékin rien moins que de lui « barrer l’accès » aux îlots artificiels qu’il vient de créer en mer de Chine du Sud. Si cela était suivi d’effet, remarque sobrement la chancellerie chinoise, cela marquerait un passage aux hostilités. Tillerson, il est vrai, tempère sa menace d’un vœu fort illogique : « ne pas laisser les désaccords… exclure des champs de partenariats productifs ».

Trump installe à la tête du Conseil national du Commerce (organe qu’il crée) Peter Navarro, autre faucon notoire, auteur de plusieurs livres antichinois dont un au titre inquiétant, « Les futures guerres avec la Chine, et comment les gagner ».

Mais Trump nomme au poste de Secrétaire au Commerce Wilbur Ross, milliardaire de 79 ans, sinophile. Ross a posé en 2014 pour le peintre chinois Liu Bolin, qui l’a fait « disparaître » (c’est sa marque de fabrique) dans une toile au nom prédestiné, « dollar ».

Face à ce mélange détonant, le Président Xi Jinping fait le gros dos, et tend la main. En Suisse, pour le sommet de Davos (17-20 janvier), il offre d’y rencontrer le représentant de Trump, histoire de séduire et accommoder le futur  Président. À ce World Economic Forum, Xi viendra avec une brochette de  grands patrons de groupes privés comme Alibaba, Wanda, Baidu, Huawei, ou publics comme China Telecom ou Poly—tous ceux que Trump accuse d’avoir « volé » des millions d’emplois américains, mais qui peuvent s’ils le veulent, élargir leurs réseaux de services jusqu’aux Etats-Unis et y créer du travail. Voilà de quoi, pour Trump, réfléchir et discuter !

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Enfin, le 10 janvier, la Chine inaugurait la ligne ferrée Djibouti—Addis Abeba (Ethiopie), 750km, ligne électrifiée de rames fret ou passagers qui feront le voyage en 10h à 120km/h au lieu de 3 jours comme avant. Réalisé par les groupes CRRC et CCEC, ce chantier à 4 milliards de $ a été financé à 70% par l’Exim Bank. L’ambition  est de poursuivre la ligne « sous 6 à 7 ans » jusqu’au golfe de Guinée, côté Atlantique, pour permettre (avec transbordement) un fantastique raccourci aux marchandises vers les Amériques, tout en donnant à l’Afrique de l’Ouest accès au canal de Suez.

À l’inauguration de la ligne, Aden Douale, haut fonctionnaire djiboutien déclarait : « les pays européens n’ont pas voulu aider les Africains à développer leurs infrastructures et économies – les Chinois l’ont fait. Maintenant, dommage pour les Européens, et bon pour la Chine, et bon pour l’Afrique ».. Une phrase sans doute excessive, mais qui fait réfléchir.

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