Monde de l'entreprise : Les débuts de la « saga » chinoise du Puy du Fou

Les débuts de la « saga » chinoise du Puy du Fou

Trois ans après son lancement en Espagne, le Puy du Fou continue son expansion à l’international en inaugurant le 28 mai un spectacle au cœur de  Shanghai. C’est sur un centre d’exposition en désuétude situé dans le district de Xuhui que le parc à thème vendéen a jeté son dévolu en 2020 pour donner vie à sa dernière création, baptisée « SAGA ».

Après une longue période de questionnement sur la manière d’aborder le marché chinois, le groupe a finalement mis de côté l’idée d’un spectacle tribune qui a fait son succès en France, pour miser sur une expérience urbaine et immersive, une sorte d’hybride entre théâtre et « escape game », où le visiteur peut influer sur le cours de l’histoire en fonction de ses décisions.

Et pour cela, le Puy du Fou a vu les choses en grand puisque SAGA ne compte pas moins de 52 salles réparties sur deux étages et plus de 15 000 m². Ces statistiques en font donc le plus grand spectacle immersif au monde, d’après le Guinness des records.

Consciente de la nécessité d’adapter son univers au public chinois, l’équipe créative du Puy du Fou Asia, composée d’une soixantaine de personnes, s’est inspirée de l’histoire chinoise et des légendes locales pour élaborer SAGA, avec bien sûr le feu vert à chaque étape du Bureau de la Culture pour éviter de se retrouver victime de la censure.

Ainsi, après avoir revêtu une cape de couleur pourpre, le visiteur se retrouve plongé dans le Shanghai des années 30, alors sous contrôle de l’armée japonaise (explicitement mentionnée sur demande des autorités) et part sur les traces d’un palais légendaire, englouti sous les eaux… Une aventure de 90 minutes à la croisée des chemins entre Indiana Jones et Atlantide !

Un soin tout particulier a été apporté au réalisme des décors et des costumes, tandis que la machinerie n’a rien à envier à celle du parc vendéen. Les 170 acteurs eux, ont été recrutés sur place et sont tous des professionnels du spectacle. A terme, quelques comédiens étrangers seront intégrés pour accentuer le côté international de SAGA. Un point important aux yeux des autorités locales, désireuses de projeter l’image d’une ville ouverte sur le monde et d’attirer les investissements étrangers, particulièrement lorsqu’ils mettent en valeur la culture chinoise.

Le seul associé du Puy du Fou dans ce projet reste d’ailleurs le district de Xuhui, représenté par Chengxin (6% de la coentreprise), après avoir été lâché par CYTS, filiale du groupe Everbright dont le patron est tombé pour corruption.

En exploitant en propre ce spectacle, le Puy du Fou fait donc un pari risqué, mais qui lui permet de préserver sa ligne artistique et le met à l’abri d’une éventuelle faillite d’un partenaire, situation très courante ces derniers temps chez les promoteurs immobiliers.

Au final, le grand challenge de SAGA sera de convaincre une classe moyenne devenue plus regardante à la dépense, de payer une somme relativement élevée (le prix d’un ticket débute à 498 yuans en semaine, et monte à 1100 yuans le week-end, avec repas) pour se divertir, souvent en famille.

Certes, la concurrence sur ce créneau spécifique se fait rare en ville. Disney et Legoland (prévu pour 2025) mis à part, le concept qui se rapprocherait le plus de SAGA serait « SLEEP NO MORE », un spectacle immersif inspiré d’une pièce de théâtre anglaise, qui, malgré sa petite taille, l’absence de machinerie et un prix encore plus élevé (environ 800 yuans), affiche complet des mois à l’avance.

SAGA, lui, a d’autres atouts dans son jeu, comme le fait de permettre aux visiteurs de choisir différentes salles et ainsi leur donner envie de revenir pour les découvrir. Le Puy du Fou envisage également de réadapter tous les 5 ans son spectacle pour alimenter l’intérêt du public sur la durée. Pour 2024, SAGA s’est fixé comme objectif d’accueillir 700 000 spectateurs, même si techniquement, les lieux sont adaptés pour 1 million.

A peine le spectacle inauguré, le Puy du Fou a déjà reçu plusieurs demandes d’autres villes chinoises de 1er et de 2nd tiers, cherchant elles aussi à ouvrir leur propre SAGA. Plusieurs facteurs, comme la démographie et le pouvoir d’achat des habitants, entrent en ligne de compte dans la sélection des villes-hôtes, car pour le groupe dirigé par Nicolas de Villiers, le fils du fondateur, pas question de faire un compromis sur la qualité ou de proposer un show au rabais !

A ce stade, c’est Hangzhou qui tire son épingle du jeu, désireuse de changer son image de capitale nationale du e-commerce et du live-streaming. Sauf que le projet choisi cette fois, serait celui d’un parc en plein air, similaire à celui de Vendée. Alors que d’autres options asiatiques se profilent (Singapour, Tokyo…), on peut néanmoins déjà déclarer ouverte la « saga » chinoise du Puy du Fou !

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1 Commentaire
  1. severy

    Puy-du-Fou. Quand plein de Chinois réaliseront ce que leur nom signifie en français, espérons qu’ils ne se jettent pas dedans.

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