En marge du Sommet « Belt & Road Initiative », le Président philippin Rodrigo Duterte poursuit un jeu incertain, entre puissances chinoises et américaines.
Le 7 mai, il offrait à l’armée chinoise des manœuvres conjointes. Comme Président actuel de l’ASEAN (l’Association économique de l’Asie du Sud-Est), il proposait aussi de servir d’arbitre dans cette crise maritime, quoique son pays en soit partie prenante.
Mais deux jours plus tard, Donald Trump lui adressa un appel téléphonique, et à en croire le leader américain, l’échange se déroula dans un climat assez amical pour lui permettre d’inviter Duterte en visite officielle—elle n’a pas été rejetée. On est donc loin de l’explosion de colère de septembre 2016, quand le fantasque philippin insultait Barack Obama, et cassait le lien traditionnel entre son pays et les USA.
Que se passe-t-il ? Il est trop tôt pour l’affirmer de manière péremptoire. Mais par discrètes petites vagues, des bruits et rumeurs reviennent de Manille, permettant de distinguer de nouvelles tendances, une ambiance différente.
En ce pauvre archipel qui resta longtemps sous protectorat américain, la coupure par Duterte du cordon ombilical n’a pas été prise par tous avec sérénité. Les Etats-Unis, pour les Philippines, est un idéal de modernité et un espoir d’une vie meilleure. Des millions de Philippins y ont fait leur vie, entretenant ainsi un lien indestructible.
Duterte peut aussi se trouver contesté du fait de sa sanglante guerre aux narcotrafiquants – ses méthodes lui valent des critiques de partout.
De même, les 27 projets d’infrastructures obtenus à Pékin par Duterte lors de sa visite d’octobre 2016, pour 24 milliards de $ en prêts et dons, font craindre aux opposants un accroc à la souveraineté de l’archipel, voire un partenariat avec des firmes douteuses – l’une d’elle est sur liste noire de la Banque Mondiale.
Dans ce climat instable, il est prudent de rééquilibrer les relations—de recommencer à miser sur les USA. D’autant que le mirifique plan national d’équipement des Philippines à 72 milliards de dollars sur trois ans, annoncé par Duterte au début de mandat, reste lettre morte…
Mais si de son côté, Trump fait les yeux doux aux Philippines, c’est qu’il doit les ramener dans sa zone d’influence. Pour ce faire, il devra à son tour sortir le carnet de chèques—et Duterte y compte bien !
1 Commentaire
severy
19 mai 2017 à 14:29Soyons lucides. Pour la Chine, les Philippines sont un archipel de jolies plages parcourues de cocotiers et dont la population a ceci d’attrayant qu’elle est principalement capable de danser en chantant. Autrement dit, que voulez-vous qu’un rhinocéros ait à craindre des coups de griffes et des miaulements d’un chaton?