Les cinq années à venir seront ascensionnelles pour l’aviation chinoise, qui recevra 12 milliards de $ en crédit d’infrastructure, sans compter les achats d’avions. D’ici là, 52 aéroports seront construits, ou agrandis, avec priorité aux zones rurales, zones à risque (séisme, crues, incendies de forêt…), de zones aux forts potentiels agricoles ou forestiers, et près de grandes villes non pourvues d’aéroports.
Plus que jamais désormais, ces projets vont créer de l’emploi, valoriser les ressources, et développer le transport intermodal – dans un souci d’efficacité et de protection environnementale, que l’on n’avait pas hier. Et si la tutelle CAAC tient parole, ces fonctions hier assurées par l’armée, seront progressivement transférées au secteur privé. Manque encore au tableau, il est vrai, le retour au civil de l’espace aérien, à 80% sous contrôle de l’armée. En dépend la naissance d’une véritable aviation privée, un marché de 52 milliards de $, selon la revue « China Business Aviation ».
Soit dit en passant, ces dépenses sont un grain de sable dans le budget prévisionnel de l’Etat dans les transports de tous types, annoncé à 4,7 trillion de yuans (722,5 milliards de $) sur 3 ans, soit 6,9% du PIB de l’an 2015. C’est l’un des efforts destinés à maintenir l’économie occupée. Il sera payé par la planche à billets—en dépit de toutes les promesses, y compris très récentes, d’y renoncer en tant qu’outil principal de développement…
En aviation civile, un obstacle réside dans la formation des pilotes. Selon Boeing, d’ici 2035 le pays aura importé ou produit 7200 appareils, nécessitant 100.000 pilotes professionnels : 50% du personnel volant de toute l’Asie, 25% du mondial !Aujourd’hui, la Chine n’en a que 30.000, et ses écoles de pilotage ne peuvent former qu’une partie de la demande. Comment faire, pour les 38 transporteurs aériens (privés, publics, charters et de ligne) du pays, pour trouver les « pilotes dans l’avion »?
Une première solution, en 2014, a consisté en un accord des 38 compagnies aériennes, sans consulter les pilotes, pour limiter à 1% le nombre autorisé de pilotes à s’en aller : seuls 50 par an peuvent changer de compagnie. Les autres doivent attendre, sous peine d’une amende de 5 millions de yuans.
L’autre solution consiste à débaucher des pilotes de tout pays, payés des fortunes (pour un A320, jusqu’à 20.000 $ par mois). La principale source est la Corée du Sud, Korean Air et surtout Asiana, qui paie en dessous de la moyenne internationale. Sur les 524 commandants de bord étrangers en Chine en 2015, 106 provenaient de Corée !
Sommaire N° 18 (2016)