Depuis le début de la pandémie, les remèdes issus de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), qualifiée de « trésor de la civilisation chinoise » par le Président Xi Jinping, ont le vent en poupe en Chine. Dès le printemps 2020, plusieurs médicaments étaient intégrés au protocole de traitement de la Covid-19, en complément de médicaments « occidentaux ».
Fonctionnent-ils vraiment ? « Assurément », répondent en cœur les fabricants chinois. Mais certains experts sont loin d’être convaincus. C’est le cas de Rao Yi, éminent neurologue basé à Pékin, qui s’est indigné sur son compte officiel WeChat de la distribution prioritaire à Shanghai de 8 millions de boîtes de Lianhua Qingwen (连花清瘟) du fabricant Yiling Pharma : « l’efficacité du médicament n’a jamais été prouvée et sa distribution nuit aux intérêts du public, qui souffre de manque de nourriture et de médicaments », écrivait-il sur son compte officiel WeChat le 17 avril.
La plateforme spécialisée Docteur Girofle a également posté un article devenu viral, prénommé « ne prenez pas Lianhua Qingwen pour vous protéger contre la Covid-19 ».
Plus surprenant, Wang Sicong (cf photo), fils de Wang Jianlin, fondateur du conglomérat immobilier Wanda et ex-homme le plus riche de Chine, a publiquement mis en doute sur son compte Weibo le 14 avril le fait que l’OMS ait un jour cautionné le Lianhua Qingwen. Si l’organisation onusienne encourage effectivement ses pays membres à considérer la possibilité d’intégrer la MTC dans leurs protocoles de soins, elle n’a jamais mentionné le nom de traitements appropriés. « La tutelle boursière (CSRC) devrait ouvrir une enquête approfondie sur Yiling Pharma. C’est vraiment difficile de nos jours de trouver un média en Chine qui ose questionner et dire la vérité », poursuivait le fils du milliardaire. Une allégation qui a fait instantanément chuter le cours en bourse du groupe pharmaceutique de Shijiazhuang (Hebei). Quatre jours plus tard, le compte du jeune homme de 34 ans, aux 40 millions d’abonnés, était mystérieusement suspendu pour « violation des lois et règlementations », malgré le fait que Wang ait déjà supprimé les messages en question…
Développé lors de la crise du SRAS en 2003 d’après un texte remontant à la dynastie Han (202 avant JC. – 220 après JC), le Lianhua Qingwen est composé de noyaux d’abricot, de rhubarbe, de chèvrefeuille, de poudre de forsythia et d’éphédra… Le remède est recommandé nationalement depuis avril 2020 pour traiter la fièvre, la toux et la fatigue dans les cas légers de la Covid-19, et a obtenu le soutien d’experts de renom tels que Zhong Nanshan, Zhang Boli et Li Lanjuan. Son efficacité aurait été démontrée par un essai clinique impliquant 284 patients. Toutefois, la fiabilité de cette étude a été remise en cause par la petite taille de l’échantillon et l’absence d’essai en double aveugle, dans lequel ni les patients, ni les soignants ne savent qui reçoit le médicament et qui reçoit un placebo.
Cela n’empêche pas Yiling Pharma d’exporter ses capsules dans une trentaine de pays « amis » dont l’Indonésie, le Mozambique, le Cambodge, la Russie ou encore le Pakistan. Des résultats encourageants pour le gouvernement chinois qui profite de la pandémie pour tenter de faire accepter à l’international la MTC, mais aussi ses vaccins « made in China ». Derrière cette campagne de promotion, beaucoup de (géo-)politique et peu de science…
1 Commentaire
ANA FUNES
25 avril 2022 à 18:31A propos de la medenice traditionnelle et le Covid, certains comunes de l’ Amerique du Sud l’ employent avec resultats positives