En 2012, le Conseil d’Etat espérait voir produire en Chine 70 milliards de m3 de gaz de schiste d’ici 2020. Six ans après, le chiffre a été ramené à un objectif plus réaliste de 17 milliards de m3 à cette échéance. Ce serait déjà une belle prestation, puisque l’an dernier, elle n’était que de 9 milliards.
Pour atteindre ce but, 700 nouveaux puits seront forés sur les sites de Fuling (Chongqing, par Sinopec), Zhaotong et Changning-Weiyuan (Sichuan, par CNPC), moyennant 5,5 milliards de $. Le retard a été induit par le relief chinois : les gisements du pays sont nombreux et abondants, mais situés plus profonds que ceux américains pour lesquels les équipements avaient été conçus. Ils sont aussi plus faillés, et en zone habitée – autant de sources de surcoûts. Toutefois les années ont permis de réduire les coûts de 25 et 40%, par optimisation des techniques et sourçage local d’équipements. Pour autant, vu l’explosion de la demande (pour lutter contre la pollution de l’air), les importations vont continuer à exploser : +49% cette année.
Autre énergie de pointe où la Chine investit : la fusion thermonucléaire. Dongbu (Anhui) (cf photo), est le site d’un outil de recherche unique en Asie, le tokamak EAST, qui convertit sous vide le plasma d’hydrogène en hélium à 150 millions de degrés. La théorie est bien connue : à terme, cet anneau toroïdal doit dégager des masses gigantesques d’électricité, sans émissions radioactives. Le coût d’exploitation d’EAST est faramineux à 15.000$ par jour, sans les salaires de centaines de scientifiques chinois et étrangers. Mais avec 100 secondes, il détient le record du monde de durée de fonctionnement. Song Yuntao, le vice-directeur, croit le centre capable de dessiner d’ici cinq ans le premier réacteur à fusion productif d’électricité.
À concurrence de 10% du budget (25 milliards de $), la Chine participe avec 35 pays, au programme ITER, le plus grand tokamak du monde, en construction à Cadarache (France) et devant entrer en fonction en 2025. La Chine contribue aussi en livrant des pièces du futur outil—elle vient d’envoyer quatre réservoirs d’élimination de vapeur de 100 tonnes chacun, made in Sichuan.
Par ces deux investissements, la Chine démontre à la fois sa foi en la fusion nucléaire, et sa volonté d’être une des nations qui saura les construire le moment venu—dans 30 ans, croit-on savoir.
1 Commentaire
severy
28 avril 2018 à 17:02Eh bien, si Cadarache pète, c’est l’Europe entière qui risque de sentir le sulphite d’hydrogène. Quelle plaisante perspective.