« Suivre le Parti, pour toujours » (永远跟党走). C’est le slogan officiel des festivités qui se tiendront en commémoration du centenaire du Parti Communiste chinois (PCC). À celui-ci s’ajoutent des thèmes complémentaires, chantant les louanges du « socialisme », « de la réforme et de l’ouverture », de la « mère patrie », et celui, plus étonnant étant donné la situation actuelle au Xinjiang et en Mongolie-Intérieure, « de tous les groupes ethniques ».
Au fur et à mesure que se rapproche la date anniversaire du 1er juillet, la campagne de propagande autour de cette commémoration prend de l’ampleur. Le 7ème art est appelé à jouer un rôle clé. « Afin de créer une atmosphère grandiose, chaleureuse et festive », les cinémas devront diffuser jusqu’à la fin de l’année au moins deux films historiques par semaine, choisis sur une liste d’une centaine de longs métrages. Parmi eux, « La bataille du mont Shangganling » (1956), « Le soulèvement de Nanchang » (1981), ou encore « La bataille du réservoir de Chosin » du réalisateur Chen Kaige et « 1921 » de Huang Jianxin, qui devraient sortir cet été. Les cellules du Parti elles, devront s’assurer que les séances affichent complet…
Sur les planches des théâtres et des salles de spectacle, seront joués des classiques comme « Le Détachement féminin rouge » ou « La Fille aux cheveux blancs », deux ballets parmi les huit autorisés pendant la Révolution culturelle par Jiang Qing, l’épouse de Mao.
Les musées devront également se mettre au diapason en proposant des expositions sur l’histoire du PCC – sans s’étendre sur le Grand Bond en avant ni sur la Révolution culturelle, et en faisant bien sûr abstraction des évènements du printemps 1989.
Ces rétrospectives historiques relateront aussi le rôle de l’Armée Populaire de Libération (APL), tout en rappelant que « sa loyauté au Parti passe avant tout ». La garnisation de l’APL postée à Hong Kong, région administrative spéciale qui a connu les plus importantes manifestations populaires de son histoire en 2019, recevra des honneurs particuliers, tandis qu’un nouveau musée naval sera inauguré « en guise de cadeau au Parti ».
En sus, des pèlerinages vers des monuments et lieux « révolutionnaires » seront organisés. À Shanghai, le bâtiment qui abrita le premier Congrès (clandestin) du PCC en juillet 1921, est en rénovation afin de mieux accueillir le public pour l’évènement. Dans cette ville résolument tournée vers le reste du monde, 100 expatriés racontent en vidéo leur relation à la « perle de l’Orient ».
Pour le jour J, on pouvait s’attendre à ce que Pékin organise une grande parade militaire, comme lors du 70ème anniversaire de la PRC le 1er octobre 2019. Il n’en sera rien. « Tout le personnel militaire va rester mobilisé pour […] préserver la paix du pays et du peuple », a déclaré le général Li Jun, directeur adjoint à la Commission militaire centrale. Une décision à interpréter dans un contexte international tendu, surtout au sujet de Taïwan, en mer de Chine du Sud, et avec l’Inde. Pourtant, le Président Xi Jinping est friand de ce genre de démonstration de force : il s’était accordé son premier défilé militaire, en dehors de celui de la fête nationale, dès son premier mandat en 2015, à l’occasion du 70ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En compensation, un « grand rassemblement » est prévu, au cours duquel Xi Jinping devrait solennellement annoncer que la Chine est devenue « une société modérément prospère à tous les égards » – l’un des deux objectifs centenaires du Parti, fixé par Deng Xiaoping en 1979. Lors de la cérémonie, la « médaille du 1er juillet » sera remise aux plus dévoués des 7,1 millions de membres du Parti « encartés » depuis plus de 50 ans. Ce format n’est pas sans rappeler celui des deux dernières cérémonies au Grand Palais du Peuple célébrant la victoire contre le Covid-19 et l’éradication de la grande pauvreté. Des thèmes restants dans le registre officiel, mais qui pèchent par manque de spontanéité et d’attention envers les attentes de la rue. Mais qui a dit qu’anniversaire du Parti devait être synonyme de liesse populaire ?
Sommaire N° 15 (2021)