A Pékin, Shanghai et Canton, les parents poussaient un soupir de soulagement : la reprise graduelle de l’école est annoncée pour le 27 avril pour les terminales, et pour le 11 mai pour les élèves de 3ème. Seuls ces deux niveaux reprendront le chemin des lycées, pressés par les examens de fin d’année, eux aussi repoussés vu les circonstances – une première depuis la révolution culturelle. 10,7 millions d’élèves passeront donc le « gaokao » (l’équivalent du baccalauréat) un mois plus tard que prévu, soit le 7-8 juillet, tandis que le « zhongkao » (brevet) sera organisé le 17 juillet. Outre la visite du Président Xi Jinping à Wuhan le 10 mars et le déconfinement de la ville le 8 avril, c’est un autre signal fort que les choses vont mieux.
Dans 24 provinces et municipalités, 35 millions d’élèves ont déjà repris le chemin de l’école. Et comme pour les entreprises ou les restaurants, les règles de la reprise scolaire sont strictes. Dans la province du Guangdong, tous les professeurs doivent être testés avant la rentrée, et les résultats sont inquiétants : à Shenzhen, 6 enseignants et 21 élèves testaient positifs au Covid-19. Le port du masque pour les élèves et le personnel est obligatoire dans les espaces fermés, mal ventilés ou fréquentés. A la bibliothèque ou dans les salles de TP, le nombre d’élèves est limité. Les récréations et pauses seront prises en décalé, tout comme le passage à la cantine, où les tables seront espacées de 1,5m. Les classes seront divisées en petits groupes. Et seuls les élèves qui habitent loin seront accueillis à l’internat. Les chambres, elles, ne pourront pas accueillir plus de six élèves.
Sauf qu’en pratique, tout ne se passe pas comme prévu, comme le montre la reprise des universités mi-avril dans le Jiangsu. La polémique débutait par le retour en avion d’un étudiant en provenance de Harbin (capitale provinciale du Heilongjiang, actuellement touchée par un rebond d’infections) qui développa une fièvre à son arrivée sur son campus universitaire de Nankin. Son département se mit alors à rechercher frénétiquement tout passager ayant pris le même vol que cet élève, provoquant un vent de panique parmi les étudiants. Cet épisode encouragea les estudiantins à se pencher de plus près sur les règles de retour sur les bancs de l’université. Pour qu’un élève soit autorisé à revenir sur le campus, la plupart des établissements exigent de signer une décharge de responsabilité en cas de contamination. Plusieurs étudiants contestaient l’efficacité des mesures sanitaires mises en place, comme l’interdiction de commander de la nourriture de l’extérieur, les forçant à fréquenter le restaurant universitaire. Au sein des dortoirs, aucune mesure préventive n’est prévue dans les douches communes… C’est ce qui poussait certains à refuser de revenir en classe, préférant continuer à suivre les cours en ligne. « Pourquoi risquerais-je ma vie en supposant que l’université est capable d’assurer ma sécurité ? Le Jiangsu était parmi les premières provinces à rouvrir les écoles, mais je refuse d’être un cobaye », explique un étudiant.
Dans les écoles internationales, la situation reste incertaine. En effet, nombre de professeurs étrangers sont coincés en dehors du pays et ne peuvent donc pas revenir au travail. Les parents eux sont mécontents d’avoir à payer un semestre à plein tarif pour des cours en ligne dont ils doivent assurer la supervision, particulièrement pour les jeunes enfants. Plusieurs réclament alors des remboursements ou refusent tout simplement de payer les frais de scolarité.
Les classes en ligne ne font pas non plus l’unanimité chez les jeunes. « Je reste seule chez moi toute la journée, étant donné que mes parents ont repris le travail » se plaint une élève de première. « J’ai hâte de retrouver mes camarades de classe et mes professeurs », confesse-t-elle. D’autres élèves regrettent de ne pas faire l’objet d’une attention personnalisée de leurs enseignants. « Ce sont uniquement des cours par niveau », explique un lycéen.
En parallèle, ces cours en ligne ont permis à la « tricherie sur internet » de se professionnaliser – à tel point que de tels « services » étaient parmi les plus recherchés pendant l’épidémie sur Baidu. Et l’offre est attractive : embaucher quelqu’un pour suivre la classe à la place de l’élève, ou passer un test en ligne par un logiciel, est possible pour la modique somme de 60 à 80 yuans. On peut aussi commander une dissertation, rédigée par un robot et indétectable par les programmes informatiques antiplagiat. Sans surprise, les élèves de tout niveau en raffolent, particulièrement les cancres désespérés d’obtenir de bonnes notes… Mais attention à la contre-attaque académique : à l’université de Xi’an, des dizaines d’étudiants ont déjà été sanctionnés pour avoir triché en ligne.
1 Commentaire
severy
19 avril 2020 à 22:10Hahaha! Le problème de la triche à l’université est universel.
En Malaisie, certains campus se fichent de leurs employés et ne font même pas de contrôle de température à ceux qui y pénêtrent. C’est tout dire.