Pour sa première mission officielle, R. Tillerson, l’émissaire de D. Trump était venu à Pékin (18-19 mars) sortir les couteaux. Il repart le sourire aux lèvres sur de « chaleureuses paroles » avec Xi Jinping, et les principes forgés avec Obama dès 2013, à savoir « non-confrontation, refus du conflit, respect mutuel, coopération mutuelle ». Presque déçue d’être privée d’un match mémorable, la presse américaine maugrée…
Corée du Nord et sa course à la bombe nucléaire mise à part, un point de fond à régler entre ces puissances est celui des échanges commerciaux. Trump a posé une question légitime, celle d’une économie encore largement d’Etat, qui impose aux autres pays ses conditions d’accès à son marché. Le système était toléré durant les décennies de prospérité en Occident. Mais en période de crise, il devient inacceptable—et insister fait risquer des clashs, y compris la déstabilisation de ces pays tentés par le populisme. La Chine alors, veut jouer le jeu et soutenir ses partenaires, et le multilatéralisme. Ceci joue en faveur d’une entrée au TPP (accord à 14 pays de la zone pacifique) – dont Trump a retiré les USA. Mais en même temps, elle vit la tentation ancienne de négocier des accords commerciaux séparés : jouer de sa position de force et de la division des autres, pour obtenir des concessions exclusives. Ces deux approches sont incompatibles, et Pékin va devoir choisir. En attendant, le bon rapport avec les USA, éphémère, repose sur cette ambiguïté.
C’est cette même ambiguïté qui incite Pékin à garder, face aux USA, plusieurs fers au feu. Ainsi l’accueil à Tillerson a été digne de celui d’un chef d’Etat. Xi a laissé entrevoir la possibilité, lors d’une rencontre les 6-7 avril avec Trump, de négocier sous 12 mois, un accord de protection des investissements et d’ouverture des marchés. C’est justement l’agrément que USA comme Union Européenne, se voient éluder depuis 20 ans. Mais en même temps, Xi ne se cache pas de préparer des rétorsions, en cas de sanctions commerciales américaines. Trump de son côté prépare un important contrat de ventes d’armes à Taiwan, ainsi qu’une liste d’exigences à présenter lors la visite de Xi aux USA, sur l’accès au marché chinois…
En définitive, cette paix semble fragile. Le succès qu’espèrent les deux chancelleries les 6-7 avril, serait la création d’un rapport personnel solide entre ces deux leaders à forte personnalité. Ce serait, croit-on, la meilleure base imaginable, pour rebâtir la relation entre les deux pays ces années à venir.
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1 Commentaire
severy
29 mars 2017 à 19:04Un accord entre deux personnalités n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est de trouver un arrangement entre deux nations qui se disputent la première place dans presque tous les domaines, avant que l’une ne prenne à plus ou moins brève échéance le pas sur l’autre. Vous voyez de laquelle je parle.