Architecture - Urbanisme : Caidian (Wuhan) – Une ville nouvelle, « made in France »

Caidian (Wuhan) – Une ville nouvelle, « made in France »

En 2005 près de Shanghai, se construisait l’éco-cité de Nanhui, dessinée par un cabinet allemand pour 450.000 habitants, avec d’élégantes artères autour d’un lac circulaire, des zones d’affaires et résidentielles, un bois, une marina, un port en eau profonde, une zone high-tech… Aujourd’hui hélas, cette banlieue est une « ville fantôme ». La faute à une insuffisante planification, et à un « fait du prince » durant les travaux : un maire autoritaire avait ordonné le doublement de surface du lac, sans savoir que cela plongerait la ville sous des vents violents, ni que le lac ferait obstacle aux échanges entre quartiers.

Pour éviter de telles erreurs, dans sa future éco-cité de Caidian, Wuhan a fait appel à l’expertise française. Ce poumon industriel du centre de la Chine se trouve être également la plus francophile des villes de ce pays (avec 130 firmes de l’hexagone dont PSA, Renault ou Faurecia, et 1000 français expatriés).

A l’Ouest de Wuhan, bordant Yangtzé et mont Maan, Caidian est une réserve naturelle peu développée : pour créer cette ville à bas carbone, la coopération fut scellée à Paris en mars 2014 en présence du Président Hollande et de son homologue chinois Xi Jinping. Depuis, les missions se sont succédées entre Wuhan, Paris et Lille – fief de Martine Aubry qui a impulsé le projet. Aujourd’hui le schéma directeur coproduit par des experts chinois et français (du cabinet Arep), s’apprête à recomposer le paysage de Caidian en ilots d’habitations et de travail entre fleuve, lacs, et marécages, destinés à mixer les activités sociales tout en préservant la biodiversité.

Fort pollué, le lac Houguan va d’abord être réhabilité, puis doté de canaux souterrains ramifiés sous une éco-cité « éponge » (qui aura la capacité d’ absorber les crues). Sur 39 km², voire 120 km² d’ici 2027, Caidian sera une des villes les plus vertes du pays.

Le budget se chiffre en milliards d’euros, nécessaires pour intégrer et associer des transports innovants, l’éclairage intelligent, les écoles (franco-chinoise), le ramassage et recyclage des déchets. Cette cité sera donc « neutre » ou à faible empreinte carbone, dont les 200.000 habitants résideront en « clusters » ou quartiers durables, sans gratte-ciel. Des zones industrielles high-tech non polluantes (dont une de petite construction aéronautique, une d’équipements connectés, médicaux, une d’automobile) entourent l’éco-cité. Caidian aura aussi sa zone d’écotourisme, sa ligne de TGV (sa gare), son réseau de métro (deux lignes) et de tramway, son accès à trois autoroutes, ses trois périphériques. Sur son sol officiera son agence de certification « verte », destinée à valider tout bâtiment, produit ou service local, pour conférer à la ville une légitimité « durable » unique. 

Des dizaines de firmes françaises sont sur les rangs, telle l’alsacienne Lohr qui offre son « Cristal », minibus électrique autonome, utilisable en unités séparées ou en « train » sur les routes de la zone… A l’heure des appels d’offres, Caidian voit ses chantiers se monter.

La Chine entière observe ce projet urbain copiloté par l’étranger : en cas de succès, les demandes d’intervention ailleurs dans le pays ne manqueront pas.

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
2.19/5
16 de Votes
Ecrire un commentaire