Santé : Le vaccin était mauvais

Vers 2008, Mme Pang, pharmacienne en hôpital à Heze (Shandong), tenait aussi une clinique de vaccination privée, mais sans licence. Une erreur qui lui valut en 2009, 3 ans de prison avec sursis. Pang récidiva : en 2014, elle fut ré-arrêtée après avoir réalisé 38 millions d’€ de ventes, par son réseau de 300 commerciaux à travers 24 provinces, vendant « au noir » 25 vaccins pour enfants et adultes. Elle était l’intermédiaire entre –au moins– 29 producteurs ou grossistes et 16 centres très officiels de vaccination… Des centaines de milliers d’injections ont pu avoir lieu : 20.000 doses ont été confisquées ces derniers jours.

Seulement, Pang reprenait les lots quasi-périmés de 13 grossistes, et leur transport aux soins de la firme Huaxia Dezhong (Pékin) se faisait à température ambiante. De ce fait, les vaccins perdaient leur efficacité, et les patients se croyaient à tort immunisés. Comment l’affaire fut-elle éventée ? On l’ignore…soit par dénonciation, soit suite à des plaintes de patients, infectés d’un virus contre lequel ils étaient vaccinés.

Une deuxième facette du scandale, tient aux autorités, qui tardèrent fortement à réagir. Pang avait été arrêtée en avril 2015, en même temps que sa fille médecin, complice. Puis la police de Jinan (Shandong) mit 10 mois à contacter 20 provinces, par courrier administratif, tandis que la FDA, Administration de la qualité des aliments et médicaments, restait coite. 

En février 2016, le scandale éclate enfin : les autorités multiplient alors actions et déclarations pour enrayer l’affaire. Depuis, trois laboratoires ont vu leur licence retirée, et 130 comparses arrêtés dans des dizaines d’agences ou entreprises, conformément à la promesse de Li Keqiang, le 22 mars, que « tous les coupables seraient punis, et la chaine de production et distribution, révisée ». 

Dès maintenant émerge une faille systémique, comme dans l’affaire du lait contaminé qui avait ébranlé le pays en 2008. Parmi les groupes épinglés figure Hebei Weifang, firme d’Etat liée au CDC (Centre de Prévention épidémiologique) de sa province. Mme Pang disposait à l’évidence de protections, ayant pu échapper à la prison en 2009, et son réseau ayant fonctionné jusqu’en janvier dernier. Quant à Huaxia Dezhong, il avait déjà trempé en 2010 dans un autre scandale : dans le Shanxi, 100 enfants décédaient ou restaient handicapés suite aux vaccinations. Mais la firme avait échappé à la fermeture -jusqu’à ce jour. Le fait que ses deux patrons aient été employés du CDC du Hebei – l’un d’eux étant aussi à la tête de Weifang– peut aider à expliquer la longévité du groupe, et la mansuétude dont Pang avait longuement bénéficié.

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