Diplomatie : La guerre Chine-USA aura bien lieu

Donald Trump l’a déclarée le 22 mars : 1300 types de produits chinois dans la téléphonie, l’électronique et autres produits encouragés par le programme « made in China 2025 », seront taxés à 25%. La sanction est unilatérale et s’appuie sur un texte de loi de 1974, l’US Trade Act (section 301) d’une validité contestable. A cette époque, les échanges n’étaient pas régulés par l’OMC. Quoique nullement assurée de réussir à rétablir l’équilibre de la balance commerciale Chine/USA, la sanction rassurera par sa fermeté, un électorat de Trump inquiet pour l’avenir.
Or en face, la Chine aussi dispose de leviers dommageables. Elle pourrait taxer le soja américain, 97 millions de tonnes en 2017, ayant rapporté aux farmers du Nouveau Monde 22 milliards de $. Elle pourrait bloquer les achats de Boeing – quoique le groupe de Seattle s’apprête à investir 33 milliards de $ dans une chaîne de montage près de Shanghai. Mais boycotter Boeing serait se jeter dans les bras d’Airbus, qui lui vendrait bien plus cher, et sans pouvoir compenser à 100% les livraisons de Boeing. La Chine pourrait surtout écouler ses réserves en Bons du Trésor. Alors le dollar s’effondrerait, l’Amérique serait à genoux, mais la Chine aussi, ayant vu partir en fumées ses 1080 milliards de $ de devises… En attendant, le ministère du Commerce chinois a immédiatement rétorqué par des contremesures pouvant priver les Etats-Unis de 3 milliards de $ de marché, et continue à adjurer Trump de ne pas « se laisser emporter par les émotions ».

Mais entre les deux pays, un écueil peut-être plus redoutable vient d’émerger : le 17 mars, Trump signait une loi autorisant ses cadres à visiter officiellement Taiwan. Xi Jinping répliquait lors de son discours de clôture face au Parlement, en martelant que « ceux qui tentent de diviser la Chine en porteront la responsabilité devant le peuple chinois et devant l’histoire ». Pour la Chine, cette autre provocation est tout aussi inacceptable !

Au passage, impossible de ne pas faire la corrélation temporelle entre la nomination « à vie » de Xi aux rênes du pays, et ces deux actes peu pacifiques de Trump. Même si le « coup » politique de Xi est une décision interne à la Chine, ses implications se font ressentir immédiatement chez les autres nations, par la méfiance et l’aggravation de vieux contentieux. Ainsi Chine et USA se trouvent dans une curieuse impasse, poussés vers une guerre commerciale par des forces internes irrésistibles. Le passé vient grever le futur.

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
2.42/5
12 de Votes
1 Commentaire
  1. severy

    La Chine jouira longtemps des avantages que sa politique d’acquisition des brevets étrangers lui confère tandis que les firmes américaines, appâtées par le gain à court terme, n’y auront gagné que de l’argent. La politique chinoise du (très) long terme devrait sortir gagnante du match commercial qui débute en ce moment.

Ecrire un commentaire