Entre nouvel an solaire du 31 décembre et lunaire du 28 janvier (春节 chunjie, sous le signe astral du Coq), le moment semble opportun pour tenter de prédire les tendances et événements qui ponctueront la vie chinoise durant l’année.
Avec un Donald Trump décidé à en découdre, le clash est inévitable. En mer de Chine du Sud, la situation a toutefois peu de chances de dégénérer en conflit armé. Aucune de ces puissances ne se risquerait à telle aventure au coût ruineux, pour une issue incertaine. Entre US Navy et marine de l’APL, le décalage des forces (en technologie et en expérience) reste important – Pékin n’est pas assuré de l’emporter. Washington de son côté, pourrait craindre de voir apparaître des faiblesses en son architecture de défense, et aussi de se voir désavoué par des alliés (Vietnam, Philippines), qui ne peuvent concevoir leur avenir sans les capitaux et le marché chinois.
Un conflit commercial semble plus plausible, avec retour des barrières douanières aux Etats-Unis, sur les échanges traditionnels (acier, électronique, vivres…). Jusqu’à ce que Trump soit contraint de réaliser, comme 20 ans plus tôt G.W. Bush senior, qu’on ne « punit » pas la Chine, et que Xi Jinping comprenne l’urgence de réciproquer en Chine la véritable ouverture de son marché intérieur.
Au plan intérieur, le pouvoir restera concentré sur les préparatifs du XIX Congrès d’octobre 2017, les milliers de promotions à pourvoir et la mise en place de nouveaux instruments de contrôle social.
La stabilité du pays restera la priorité n°1, avec la croissance. Pékin promet 6,5% de hausse du PIB : atteindre l’objectif sera une gageure, avec une conjoncture mondiale difficile et la lenteur des réformes.
De plus, en 2016, la restructuration des consortia n’a permis aucun gain de productivité, ni réduction des surcapacités. Enfin, les investissements sont freinés par l’érosion du yuan, voulue par l’Etat pour relancer l’export, mais qui nourrit une insoluble et puissante fuite des capitaux…
L’Etat est donc contraint, contre ses promesses, de maintenir le cap d’une croissance basée sur la planche à billets, tel le chantier d’intégration de la région Jing-jin-ji (Pékin-Tianjin-Hebei, 150 millions d’habitants) ou le plan ferroviaire 2017 à 800 milliards de yuans, presque l’effort de 2010. Pour l’instant, les commandes d’acier et de béton suffisent à créer une embellie : l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier grimpait en novembre à 51,7, signe d’optimisme commercial, et pavoisait à 51,4 en décembre.
Histoire de faire oublier la terrible pollution de l’air, le gouvernement multiplie les bonnes nouvelles –c’est de saison, à la veille du chunjie. La mairie de Pékin, suivie d’une vingtaine d’autres, veut geler l’immobilier après la chevauchée fantastique des prix ces 12 mois passés (les 3 plus grands groupes ont écoulé pour 144 milliards de $).
La présentation du programme spatial fin décembre 2016, arrivait à point nommé pour flatter la fierté nationale : en 2018, une fusée chinoise s’élancera vers la face cachée de la Lune, une autre vers Mars en 2020, et une autre vers Jupiter avant 2030. Last but not least, le pays veut parachever d’ici 4 ans son réseau de positionnement GPS Beitou-2, porté à 35 satellites. Son accès prioritaire sera élargi aux pays partenaires de ses nouvelles « routes de la soie » à travers les 5 continents, leur donnant accès à une puissance d’information et de communications inégalée. Ce programme dit « une ceinture, une route » (OBOR), est probablement la chance la plus sérieuse de relance économique chinoise – mais pas pour 2017, plutôt pour les années suivantes !
Sommaire N° 1 (2017)