Le 6 janvier à 10h, une secousse sismique fut enregistrée aux environs de Kiju ( Corée du Nord), d’intensité 5,1 sur l’échelle de Richter. Pyongyang annonçait le succès d’un test d’une bombe « H », à hydrogène. Depuis le début de ce programme en 2006, c’était le 4ème test au pays du Matin Calme.
Pour la Chine comme pour le monde, c’est une mauvaise nouvelle. Kim Jong-un, le jeune despote, rompt ses engagements, et cette technologie est plus meurtrière que celle que la Corée visait jusqu’alors. Cela dit, les experts doutent de la réalité de l’affirmation du petit régime stalinien : la secousse suggère une puissance de 6 kilotonnes, comparable à celle du test de 2013, très en deçà d’une bombe à hydrogène. De plus, même si Pyongyang prouvait sa maîtrise de cette filière, il lui resterait à miniaturiser sa bombe pour la loger dans une ogive et un missile. Rien de cela n’est aujourd’hui acquis.
La suite sera inéluctable : exigées par les USA, de nouvelles sanctions à l’ONU seront votées, isolant davantage le régime. Ce dont n’a cure Kim, le petit-fils du père fondateur Kim Il-sung. Ce régime est plus intéressé par son pouvoir et son chantage sur le monde (qui lui verse des aides alimentaires pour le faire se tenir tranquille), que sur sa capacité à nourrir son peuple à 75% chroniquement affamé.
Et la Chine ? Elle dénonce « vigoureusement » le test. C’est la moindre des choses, car mis à part Japon et Corée du Sud, elle serait aux premières loges d’une frappe nucléaire. Pékin pourrait voter les sanctions de l’ONU (ou s’abstenir), mais on peut douter qu’elle aille plus loin : ni rupture de ses fournitures de riz ou fuel, ni fouille des navires nord-coréens en quête d’armes ou d’outillages stratégiques. Face à son voisin, Pékin vit une bizarre contradiction. Elle s’exaspère de ce pays trop souvent avide de démontrer son indépendance primesautière. Mais elle ne veut pas non plus perdre ses 66 ans de soutien, à bout de bras, investissement et pari sur l’avenir.
Elle est aussi handicapée par une lenteur et lourdeur décisionnelle. Xi Jinping est seul à décider. Il le fait, dit-on, conseillé par des fidèles, plus que par des experts. Il se trouve aussi débordé par le nombre des fronts sur lesquels il s’est contraints à faire face, dans son obsession de tout contrôler.
Sommaire N° 1 (2016)