Témoin de la vie moderne, Liu Xiaodong (刘小东) peint les bouleversements que connaît la société contemporaine : les crises environnementales et économiques, leurs conséquences sur les populations. Capture méticuleuse des communautés qu’il observe en explorant le monde, chacun de ses tableaux est une profonde réflexion mêlant processus documentaire et artistique. Liu Xiaodong est considéré comme une figure centrale de la nouvelle génération du réalisme chinois.
Chacune de ses séries aborde une problématique sociétale. Déplacements de populations, dérèglement climatique, bouleversements économiques sont étudiés à travers des compositions à grande échelle, orchestrées avec soin.
Figure de proue parmi les peintres néo-réalistes chinois à émerger dans les années 1990, Liu Xiaodong choisit la peinture figurative dans un contexte artistique où les médias photographiques prédominent. Une prise de position conceptuelle qui correspond à son engagement à « voir les gens tels qu’ils sont vraiment ».
Mixant réalisme socialiste chinois et néo-réalisme, Liu Xiaodong travaille souvent sur place, peignant ses sujets en plein air. Il (dé)peint à l’huile et à l’acrylique, des « gens ordinaires », des modèles dont la dimension humaine fait résonner les situations de crise. « J’aime trouver des scènes qui font partie de la vie, de l’existence quotidienne de quelqu’un et je choisis des lieux qui m’intéressent », a-t-il déclaré. « Quand je peins quelqu’un, je veux capturer son environnement, sa vie. Je veux montrer l’histoire personnelle derrière l’image de la personne ». Liu Xiaodong suggère, fait allusion. Des coups de pinceau libres et des couleurs riches, pour la vie parfois rugueuse et improvisée de ses sujets…
L’exploration de Liu Xiaodong s’est déroulée parallèlement à une nouvelle esthétique documentaire dans les œuvres de cinéastes de la « sixième génération » tels que Wang Xiaoshuai et Zhang Yuan, avec lesquels il a souvent collaboré. Depuis le début des années 2000, Liu travaille fréquemment in situ, dans des lieux de renommée mondiale, souvent difficiles d’accès, comme le barrage des Trois Gorges en Chine (2003) ou la frontière américano-mexicaine (2020).
Pour son exposition « Hometown Boy » (2010) à l’UCCA de Pékin, l’artiste a posé son regard sur ses amis d’enfance, dans la ville de Jincheng – connue pour son industrie papetière – à travers une longue méditation sur la transformation personnelle et la mobilité sociale.
Dans ses séries les plus récentes, « Borders » (2021), actuellement au Dallas Contemporary, l’artiste s’est intégré aux communautés de la région du Texas, « documentant les individus, les lieux et les sociétés contemporaines. Il décrit un monde varié, animé et enrichi par la diversité, où les valeurs familiales et collectives s’imposent comme des vecteurs communautaires primordiaux de paix et de fraternité ».
Pour sa première exposition personnelle à UCCA Edge (Shanghai), intitulée « Your Friends », l’artiste se tourne vers « les personnes qui lui ont été les plus proches, sur le plan personnel et artistique : sa famille immédiate et ses interlocuteurs les plus chers ». Elle rassemble de nouvelles œuvres, créées dans les mois qui ont suivi son retour de New York, pendant les premiers stades de la pandémie, mêlées à des œuvres antérieures, choisies pour leur résonance au contexte. Une œuvre qui nous rappelle notre humanité, et dans laquelle, à travers les joies et les luttes des sujets représentés, on se retrouve.
Né en 1963 à Jincheng, dans la province du Liaoning (Nord-Est), Liu Xiaodong a étudié à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin avant de fréquenter l’Académie des Beaux-Arts de l’Université de Complutense à Madrid. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans des lieux tels que le Dallas Contemporary (2021), le Musée de la Louisiane (Danemark (2019)), NRW-Forum & Kunsthalle de Düsseldorf (Allemagne (2018)), le Palazzo Strozzi à Florence (Italie (2016)), la Fondazione Giorgio Cini à Venise (Italie (2015)), le Musée Minsheng à Shanghai (Chine (2014)), le Seattle Art Museum (États-Unis (2013)), la Kunsthaus de Graz (Autriche (2012)) et l’UCCA à Pékin (Chine (2010)). Son travail a également été inclus dans de nombreuses expositions collectives dont la Qatar Museums Gallery à Doha (2016), la Biennale de Gwangju (2014), la Biennale de Shanghai (2000, 2010), la 15e Biennale de Sydney en Australie (2006) et la Biennale de Venise en Italie (2013, 1997). Une sélection de ses œuvres est visible jusqu’au 10 octobre 2021 à l’UCCA Edge de Shanghai, à travers son exposition personnelle « Liu Xiaodong : Your Friends ».
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