Le 14 février, vit la naissance du 1er groupe mondial de réservation de taxis sur smartphone par la fusion de Didi Dache (44% du marché chinois), et Kuaidi Dache (56%). Avec 2 millions de chauffeurs à travers le pays, le nouvel ensemble vaut 6 milliards de $ et est dirigé par Liu Qing (CEO de Didi).
Les deux applications s’étaient livrées une bataille féroce, n’hésitant pas, depuis leur création en 2013, à offrir au client jusqu’à 19¥ par course dans Pékin. Pour Didi, la prime était financée par 700 millions de $, glanés par Tencent auprès de fonds tels Temasek (Singapour) ou DST (Russie), tandis que Kuaidi, soutenu par Alibaba, obtenait 600 millions $ entre autre de Softbank.
La raison n°1 à la fusion, est d’enterrer la hache de guerre, dans la logique du gouvernement soucieux d’enrayer les « guerres fratricides » entre acteurs publics ou non, sur un même secteur.
Une autre raison sans doute majeure, mais non dite, est celle de fermer aux autres candidats la porte de ce marché. Ainsi, l’entité, avec son monopole de fait, prétend ériger contre eux une « grande muraille ». A commencer par Uber, groupe de San Francisco, déjà présent dans 9 villes de Chine. Uber est encore très minoritaire, mais il s’est trouvé un partenaire très puissant : Baidu, grand manitou de la cartographie embarquée et de la navigation par GPS, et propriétaire de services de smartphone tels 91 Wireless. Baidu lui aurait apporté 600 millions de $ pour déployer son réseau.
Une question de fond, ici, est celle du rôle de la NDRC (chef d’orchestre des choix économiques) dans la fusion Didi-Kuaidi. Un petit groupe, Yidao Yongche a porté plainte pour monopole, et défaut de demande d’autorisation.
La réponse du ministère du Commerce est pour le moins nuancée : la fusion serait d’emblée dispensée de permission, chaque partenaire restant sous le seuil de la loi avec des ventes inférieures à 400 millions de ¥ par an. D’autre part, l’usager ne serait pas affecté, et le marché resterait ouvert à d’autres acteurs : le marché cumulé des deux Dache couvre moins de 10 millions de courses par jour, sur un marché total de 50 millions. Au demeurant, le ministère rappelle qu’il peut lancer une enquête anti-trust dans l’intérêt du consommateur, et/ou pour maintenir une apparence d’équilibre entre ses actions sur des fusions-acquisitions locales et étrangères dans l’Empire du Milieu.
Sommaire N° 8 (XX)