Le Vent de la Chine Numéro 39 (XX)
En 2009 à Copenhague, en collusion avec les Etats-Unis, la Chine bloquait la COP15 et son projet de traité mondial contre le dérèglement climatique. En 2015, elle a changé de camp : Xi Jinping réclame un accord « intégral, équitable, ambitieux et contraignant ».
Or, paradoxe, pour ces objectifs diamétralement opposés, la Chine a conservé les mêmes négociateurs. Pour arracher l’accord d’ici le 11 décembre, Su Wei, chef de la mission veut « faire que toute minute compte ». Xie Zhenhua, lui, souhaite que ce soient les experts qui parlent et non les chefs d’Etat – comme s’il déplorait rétrospectivement d’avoir dû, à la COP15, défendre une position nationale « de politiciens » et non l’intérêt commun de l’humanité !
De ce virage, Xie donne l’explication : parce qu’elle s’y était montrée passive et négative, la COP15 s’est soldée pour la Chine par un désastre en terme d’image qu’elle veut éviter de répéter. Devant la COP21, Xi Jinping réitère sa promesse de verser 3 milliards de $ au fonds climatique de l’ONU pour les pays démunis. Et il annonce 180 millions de tonnes de coupe d’émissions de CO2 en 2020 dans ses centrales thermiques, « -60% ».
Au pays, les mesures vertes s’accélèrent. On teste la réforme des prix de l’électricité, introduisant des contrats à terme et des bourses d’échange entre centrales et distributeurs de différentes provinces, pour casser les monopoles au profit du consommateur. D’ici 2020, l’Etat veut tuer le chancre des déchets agricoles : 90% des ordures devront être « gérées », 100% des lisiers recyclés, tout comme 80% des films plastiques des serres et 95% des produits dangereux.
Mais les experts mettent en garde contre trop d’optimisme : seuls les villages riches pourront s’offrir des déchetteries…Toujours d’ici 2020 (terme du 13ème Plan quinquennal), Pékin veut tirer 10% de son énergie du gaz – moins polluant. Problème : 2014 n’a vu cette filière progresser que de 8,5%, et 2015, que de 5 à 6%… Or pour atteindre l’objectif d’ici 2020, il faudrait désormais que le gaz augmente chaque année de 11%. D’où l’impératif, pour l’Etat, d’aller de l’avant : dès 2017, le prix du GNL devrait être libéré. Une autre mesure annoncée, essentielle, serait la séparation entre gazoducs (distribution) et producteurs. Mais sur la date, rien n’est dit. En mai 2016, Pékin veut lancer deux satellites d’observation, permettant de mieux traquer et réprimer les émetteurs clandestins de CO2.
Malheureusement, en dépit de toutes ces bonnes intentions, la Global Warming Policy Foundation prédit que la Chine, à la COP21, ne prendra pas d’engagements contraignants. Et le fait que la Chine prépare 803 centrales thermiques et en bâtit 361, ne fait rien pour démentir. En un mot, elle n’est simplement pas prête pour basculer dans une économie à bas carbone. Même son modèle industriel fait obstacle, avec son plan quinquennal (son sacro-saint objectif de croissance) et sa NDRC, « usine à gaz » géante qui émet ses directives du haut vers le bas et maintient dans les provinces une surcapacité d’industries lourdes et polluantes.
Qu’on ne s’y trompe pas, la décision politique est prise, et la Chine sait pourquoi. Rédigé par 550 scientifiques, son 3ème Rapport d’Impact du Réchauffement Global lui prédit en 2100, 40 à 60cm de montée des eaux – d’où une forte perte de territoire à prévoir, sans doute même la destruction d’une partie de ses villes côtières. Sa ressource en eau douce reculera de 5% en volume, compromettant agriculture et trafic fluvial. Aussi le régime sait qu’il n’a pas une minute n’est à perdre. Mais pour un si gros et si lourd navire, le changement de cap prendra longtemps.
Génial, farfelu, ou carrément « Docteur Folamour », ce projet d’usine de clonage présenté le 23 novembre à Tianjin ? À vous de juger !
Assistés de deux instituts de biogénétique, Boyalife (Chine), Sooam Biotech (Corée du Sud), veulent ouvrir en juin, en joint-venture, la première usine de clonage vétérinaire, 31 millions de $ pour 15.000m² de surface dans la zone économique spéciale TEDA à Tianjin.
Un objectif est la reproduction d’animaux de valeur tels le mastiff tibétain (jusqu’à 100.000$) ou le chien policier renifleur—dont Sinica (filiale de Boyalife) en a déjà cloné 550.
Le gros de la production ira en bœuf Wagyu. D’abord limitée à 100.000 embryons par an, elle doit atteindre un million d’unités après quelques années.
Le procédé visé semble être la multiplication à grande échelle d’une cellule, par division cellulaire ou clonage reproductif. Dans ce cas, nul gène n’a été ôté, ni ajouté à la chaine ADN. Sans chercher à améliorer l’espèce, on se borne à reproduire des « jumeaux » d’un bon spécimen. La viande n’est donc pas « OGM » – détail important sous l’angle des chances de certification et des risques de santé humaine.
Xu Xiaochun et Hwang Woo-suk, les patrons de Boyalife et Sooam Biotech, insistent sur la finalité commerciale : produire en masse une viande de haute qualité – tendre et savoureuse.
Mais de l’avis d’éleveurs et d’experts en génomique, comme le professeur Denis Duboule (Genève), la qualité de la viande n’est pas uniquement déterminée par la génétique, mais principalement par le mode d’élevage et l’alimentation. Eric Palmer, expert mondial du clonage, rappelle que « la production des clones dans des mères porteuses, demande autant de terres ou d’aliments que la production conventionnelle ».
Pour quelles raisons avoir choisi la filière bovine plutôt que celle porcine par exemple ? Du fait d’une technique très au point. Chez les bovins, la collecte d’embryons par procédé « flushing» se fait sous anesthésie locale, et leur transfert aux vaches porteuses est simple et direct. Le premier atout de cette technique reproductive est un gain de temps précieux. D’autres avantages sont à espérer, réels bénéfices pour l’humanité : sécurité sanitaire (stabilité d’un produit scientifiquement régulé) et diversification des variétés (selon l’embryon choisi pour reproduction, indépendamment de l’espèce de la vache porteuse).
Le premier marché serait le Japon –qui est un marché à fort pouvoir d’achat. En Chine même, les auteurs du projet visent à concurrencer les importations à prix d’or de viande fraiche d’Australie ou d’Argentine, pour conquérir, 5% du marché.
Mais la JV n’a pas partie gagnée, vu le scepticisme des experts. Mme Han Lanzhi, de l’Académie des Sciences Agronomiques redoute des erreurs de manipulation, et le dérapage vers l’eugénisme sous l’effet de l’appât du gain : l’offre d’enfants modifiés pour plus de beauté, d’intelligence ou de force, avec risques pour l’avenir de l’espèce humaine.
Déjà, la JV annonce la production de « primates non-humains » pour l’expérimentation pharmaceutique. Or, le patron coréen ne se cache pas d’être venu en Chine, attiré par une législation moins rigide qu’en son pays sur le clonage : il avoue attendre le moment où la production d’humains deviendra acceptable…
Quelles sont au juste les chances de succès de cette « usine à bœufs » ? Une difficulté résidera dans le taux de réussite des transferts.
Chez BGI, groupe de clonage pékinois qui « fabrique » 500 porcs par an, on évoque un taux de réussite de 70 à 80%, mais Yann Morel, directeur Chine de Cooperl (n°1 français du porc) nous parle plutôt d’un taux d’échec de 80%.
Il y a un risque aussi du côté des consommateurs chinois, qui craignent d’être traités en « cobayes » en s’aventurant à consommer telle viande. Des scandales alimentaires tel celui du lait à la mélamine (2008) ont réduit la confiance en l’Etat comme contrôleur. L’implantation de l’usine dans la zone TEDA ne plaide pas non plus pour sa fiabilité, après son accident chimique d’août (176 morts, des milliards de $ de dégâts) due à la défaillance d’une firme et des services de contrôle.
Le passé de M. Hwang, le patron coréen n’aide pas davantage. « Père » du clonage dans son pays jusqu’en 2006, il avait été chassé de son université et éclaboussé par un jugement infamant pour cause de fraude et laxisme dans l’obtention d’ovules humains pour ses expérimentations.
Détail révélateur de l’état d’esprit de ses fondateurs, la JV inclura aussi une banque de gènes (5 millions de cellules de toutes espèces animales, y compris d’espèces disparues ou menacées), un centre de formation et de recherche, et un musée. Xu Xiaochun, le patron de Boyalife, déplore la « frilosité » de l’Occident face à la recherche génétique, et se voit lui-même contribuer par son audace à tracer l’avenir de son pays : « la Chine de la copie et du piratage, c’est fini ! Nous foulons à présent un chemin encore vierge. Bientôt, conclut-il, en biogénétique, nous serons leaders mondiaux ».
Savoir si l’affaire se soldera par plus de profits ou plus de « casse », et si la Chine, une fois enrichie, continuera ou non à encourager ce genre d’audace : l’avenir nous le dira.
Invariablement, quand des multinationales américaines, comme DuPont, se font hacker, Washington accuse Pékin, lequel dément sèchement.
Mais en 2014, le scénario a changé. Suite à l’attaque du serveur du Bureau de l’Administration Fédérale ( OPM), 22 millions de dossiers d’agents ou d’ex-agents de l’Etat étaient piratés. Le Département d’Etat vit rouge : de telles données aux mains de la Chine ne pouvaient servir qu’à des fins d’espionnage.
Aussi, peu avant la visite de Xi Jinping aux USA en septembre, B. Obama fit de fortes déclarations. Meng Jianzhu, ministre de la Sécurité Publique, vint à Washington « discuter ». Puis le 2 décembre, Pékin expliqua : le « casse » de l’OPM était « un crime » (qu’il réprouvait, donc), et n’était pas de son fait. Il suggérait que ses armées de hackers opèrent souvent « en freelance ». Au moins deux hommes, impliqués, avaient agi « de leur propre chef » pensant que leur « pêche » intéresserait le ministère de la Sécurité d’Etat. Arrêtés, ils seraient bientôt jugés.
Faut-il croire cette histoire ? Sans doute pas jusqu’au bout. Pour percer un bouclier informatique, il faut des dizaines de hackers ensemble. Mais ce qui frappe, c’est la reconnaissance de cette pratique par Pékin, et sa volonté de la réprimer. Lors de leur rencontre, Xi et Obama s’engagèrent à renoncer à l’espionnage économique sur internet. Puis Xi réitéra sa promesse à Antalya (Turquie, 14/11) devant les chefs d’Etats des pays-membres du G20.
Outre-Pacifique, ce revirement sur une pratique vieille comme le monde est expliqué par la menace d’Obama de sanctions économiques. De même, l’inculpation de 5 officiers de l’APL en mai 2014 par les Etats-Unis a pu faire réfléchir.
Néanmoins, depuis la promesse de Pékin, les services de renseignement américains n’enregistrent aucun changement notable dans l’espionnage chinois sur internet—et au demeurant, la NSA est là pour en témoigner, les Etats-Unis (et bien d’autres) ne sont pas de reste.
Le 1er décembre, après des mois de tractations, le Bureau exécutif du Fonds Monétaire International (FMI) de Christine Lagarde vota l’intégration du Yuan parmi les devises constituant les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) : « selon tous critères », le Yuan était devenu « librement utilisable » dans le commerce mondial. Dès le 1er octobre 2016, il occupera 10,92% du panier des DTS.
Signe du recul économique de la vieille Europe, c’est l’ Euro qui fait place à l’entrant : à 30,92% du panier, il perd 6,5% contrairement au US$ qui, avec 41,73%, ne cède que 0,2%.
Cette entrée au FMI est pour Pékin un succès diplomatique. Elle permettra à ses firmes de réduire leur risque de change, de facturer, emprunter hors frontières – ce qui serait utile, pour un pays dont la dette globale (intérieure) fait 17.000 milliards de $. De plus, désormais en prise directe avec le monde, les banques chinoises n’auront plus d’autre choix que de gagner en compétitivité pour éviter de perdre leurs marchés.
Sacré « devise mondiale », le Yuan deviendra aussi la cible de placements des fonds de pension et banques centrales : selon estimations, 600 à 1000 milliards de $ seront placés en obligations en yuan. Dès maintenant, le Conseil d’Etat promet l’ouverture du marché chinois des cartes de crédit, qui brassait 6840 milliards de $ (+33%) en 2014. Grands bénéficiaires attendus : Visa et Mastercard.
Le monde financier ne semble cependant pas aussi impressionné que le FMI par l’ouverture chinoise—pour lui, la « récompense » arrive trop tôt. C’est que, sur la masse du commerce mondial en Yuan (un volume encore faible, mais à croissance rapide), 70% représente le trafic chinois entre Chine et Hong Kong. En données corrigées, le véritable trafic mondial en Yuan ne pèse que 0,8%.
Jin Liqun, Président désigné de la Banque Internationale Asiatique d’Investissements (AIIB), ne s’y trompe pas, en disant : « une fois le Yuan au FMI, assurer de front la stabilité de sa monnaie et l’ouverture économique, sera pour l’Etat une lourde responsabilité ». C’est le moins que l’on puisse dire : cet été, une dévaluation de 2% du yuan destinée à le rapprocher du marché, a forcé Pékin à faire marche arrière pour enrayer la fuite de capitaux.
La Chine sera-t-elle d’accord pour laisser le monde acheter en masse son yuan ? Pour garantir la liberté de circulation transfrontalière, et découpler le yuan du dollar ? Tout cela aboutira à laisser le marché (et non le Parti) décider de la valeur du parc industriel chinois. Ce qui sera un genre de « minute de vérité ». Pour Derek Scissors, de l’American Enterprise Institute, ce n’est pas pour demain : « pour que le Yuan atteigne ce rôle de vraie monnaie-réserve, les chances à trois ans sont nulles, et à 8 ans, de 2% ».
Ayant rendu visite aux sites de Danone et Coca-Cola à Shanghai, nous vous proposons un regard sur la stratégie, les acquis, forces et faiblesses de ces deux colosses.
Comment a fait Danone pour se maintenir en Chine, après la déloyale spoliation en 2009 de la plupart de ses actifs par Wahaha, l’ex-partenaire chinois ? La réponse a consisté à s’accrocher, sachant qu’il n’y avait pas de meilleur avenir qu’ici, avec 23% de l’humanité mal nourrie mais en demande exponentielle de tous les produits du groupe, lait et eau en tête. Et la chance tourna, suite au scandale du lait pour bébé allongé de mélamine en 2008, fraude qui détourna durablement les parents chinois de tout lait maternisé made in China.
Néanmoins, une fausse alerte en 2013 ternit les résultats du groupe français : en effet, Fonterra le n°1 mondial (Nouvelle-Zélande) annonça par erreur que son lait, matière première du lait infantile de Dumex (filiale Danone), était plombé au botulisme. Danone dut donc retirer massivement ses produits des rayons.
A l’été 2015, Dumex fut cédé à Yashili, sa filiale en commun avec Mengniu (le n°1 national laitier). Danone reprit en échange 4% des parts de Mengniu, tout en intensifiant avec lui la coopération en yaourts. De la sorte, au 3ème trimestre 2015, Danone voyait son exercice mondial grimper de 4,6% – très bon chiffre, en ces temps de tempête sur la consommation.
En eaux embouteillées, Danone remonte également la pente, profitant du fait d’un marché très jeune et encore sans traditions—10 ans en arrière, la plupart des Chinois en étaient encore à boire leur « eau bouillie » dans un thermos.
« Aujourd’hui, constate Bruno Dasque, patron « R&D » de l’eau chez Danone, l’eau de table, parent pauvre d’hier, commence à devenir populaire et a déjà conquis les grandes villes ».
Du côté des boissons (sans alcool), pas moins de 900 nouvelles « références » ont surgi sur le marché en 2014. Pour Danone, un des soucis est la teneur en sucre -souvent au-delà de 100gr/litre, quatre fois le taux suggéré par l’OMS. Ce sucre est la cause de l’explosion de l’obésité et du diabète parmi la jeunesse. Aussi Danone a relancé en 2008 son « aquadrink » Maidong ( 脉动 ou ‘Mizone’ en anglais), une boisson vitaminée et aromatisée aux fruits. Au départ conçue pour le monde du sport, elle a rapidement conquis un public plus large, avec 100 bouteilles consommées chaque seconde, 60% du marché de Danone en Chine. « Pour réussir sur ce marché concurrentiel, commente Dasque, il faut capturer l’attention du consommateur et sortir du lot avec une proposition inédite sous tous aspects, emballage, arômes, couleurs, et son concept bien sûr ». Ainsi « Poire de neige-sucre cristal », breuvage à succès, s’inspire d’une recette chinoise connue dans tous les foyers…
Voilà comment Danone se rétablit peu à peu en Chine et passe dans l’histoire industrielle du pays comme le groupe ayant su gagner une guerre, après une bataille perdue.
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Chez Coca-Cola, le géant américain de la boisson non-alcoolisée, on passe à une autre échelle : ses ventes atteignent 58 milliards de bouteilles (25cl) par an, et la progression des ventes en Chine est parmi les plus fortes du monde, selon David Brooks, le vice-Président exécutif Chine et Corée.
Suivant un modèle éprouvé : Coca-Cola n’emploie en propre que 700 personnes en Chine, principalement à Shanghai. Mais ses JV et franchises (dont 50% sous la houlette de Cofco, le consortium alimentaire) qui maillent le pays en 45 usines, assurent 45.000 jobs, et 450.000 emplois dérivés.
En boissons gazeuses (Coca-Cola, Fanta, Sprite, qui est la plus vendue dans cette catégorie…), le groupe d’Atlanta ne produit que ses concentrés, sur son campus de Zizhu à Shanghai, dans une section interdite à toute personne étrangère au service. Son obsession du secret est si forte que lorsque le groupe négociait son retour en Chine, en 1979-81(après 30 ans), il exigea –et obtint– de ne pas avoir à divulguer aux autorités son procédé de fabrication.
En 2000, Coca-Cola s’attaqua au marché des boissons non-gazeuses. À présent, le groupe produit ou importe en Chine son café Georgia et son jus de fruit, Minute Maid. En 2009, Coca avait tenté de racheter Huiyuan, le leader chinois privé des jus de fruits. Mais sous prétexte de protection contre les monopoles, le Conseil d’Etat l’interdisait. C’était par rétorsion du vote du Congrès américain qui venait de bloquer le rachat d’Unocal (USA), septième pétrolier mondial, par Sinopec. « La décision n’a pas profité à Huiyuan, se rappelle Brooks. Il aurait profité de notre réseau de vente. Aujourd’hui, le n°1 des jus de fruits en Chine, est… Minute Maid ! »
Coca-Cola se veut aussi à la pointe en Chine en défense environnementale : par recyclage et autres techniques, ses embouteilleurs parviennent à limiter leur besoin à 1,6 litre d’eau par litre de limonade.
Pour convaincre ses gros clients, il les reçoit dans un centre de démonstration recréant divers « espaces de consommation » : supermarché, superette (cf photo, D. Brooks), restaurant et fastfood, avec un look futuriste, tel ce réfrigérateur bas carbone, bardé d’écrans LED publicitaires.
La concurrence fait rage : avec 13% du marché, le n°1 est Kangshifu (Taiwan) après son rachat de Pepsi (China). Il est suivi de près par Coca-Cola (10%), Wahaha (8%), Danone (2%).
Pour Coca-Cola, l’avenir chinois s’annonce plutôt serein, avec 45 boissons du groupe (235ml) consommées par an, par habitant—moitié moins de la moyenne mondiale, ce qui laisse une belle marge de croissance pour le groupe d’Atlanta qui fêtera en 2016 son 130ème anniversaire. Pemberton, l’apothicaire inventeur de la fameuse formule, n’avait sûrement aucune idée du succès planétaire qu’obtiendrait son humble sirop à l’avenir !
Aux petites heures de ce 20 novembre, à Hangzhou (Zhejiang), au cybercafé « Night-watch », véritable temple des joueurs en ligne, une jeune fille, jeans et polaire rose bonbon, était si concentrée sur son écran, annihilant à formidable vitesse des séries de chars amphibies et de soldats en combinaisons kevlar, qu’elle ne s’aperçut pas du policier qui s’approchait en maraude ! Quand il posa sa lourde main sur son épaule en lui demandant ses papiers, d’un ton courtois mais comminatoire, comme à tous les autres joueurs de sa rangée, il n’était plus temps de penser à fuir…
Cachant tant bien que mal son épouvante, elle tenta de plaisanter, retarder le moment, mais rien à faire, elle dut présenter sa carte d’identité qui ne tint pas une seconde au regard entraîné de l’agent. Rien qu’au trouble de sa cliente, ce professionnel de l’ilotage savait que la carte n’était pas la sienne, et que la fille avait des choses à se reprocher – une prise intéressante.
Malgré tout, elle lui était plutôt sympathique, du fait des émotions complexes qu’elle exsudait. En son regard, l’agent lisait le défi (comme si la vie entière n’était qu’un grand jeu virtuel, et lui-même n’était rien de plus qu’un autre char d’assaut à faire sauter d’un clic, boum-boum), l’humiliation (d’être si démunie et vulnérable), et en quelque sorte un inattendu soulagement.
D’ailleurs, à l’observer plus en détail, elle faisait moins jeune que ne suggérait sa première vision d’une adolescente engluée dans son jeu internet : ses fines ridules aux tempes, des cheveux gras, permettaient de deviner la femme en souffrance cachée derrière la fille.
Durant le transfert au commissariat, l’inconnue campa dans son silence de carpe, dédaignant entendre les questions et ne sortant de son mutisme que pour répéter le souhait qu’on la relâche, « elle n’avait rien fait ». Au moins, demandait-elle, un pleur dans la voix, « qu’on ne dise rien »…
Plus que sa mine butée, cette demande mit les enquêteurs sur la voie. Sur leur intranet, ils sondèrent le fichier central, dans la section des personnes disparues. Ils passèrent des coups de fil aux collègues des autres provinces. À ce rythme, il ne leur fallut que trois-quarts d’heure pour qu’une fiche émerge, bingo, qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre hirondelle.
Selon le rapport, la fille devait être Xiaoyun (nom d’emprunt) née en 1992 à Dongyang, à une centaine de kilomètres de là. Elle avait fugué il y a dix ans, sans jamais être rattrapée : délai si long qu’un avis de décès avait été émis. Or, la voilà qui réapparaissait, à 24 ans.
Une fois au poste, une policière experte en personnes psychologiquement fragiles avait entamé l’interrogatoire tout en douceur. Des heures passèrent en dialogue de sourdes – la fille éludant les questions et insistant pour que, surtout, ne s’ébruite pas la nouvelle de son interpellation.
Le commissariat au grand complet s’était pris au jeu : enfin un cas sur lequel se pencher, qui ne soit ni sordide, ni violent, mais attendrissant ! Pris par le désir de sauver cette manifeste victime du destin, les limiers téléphonaient de plus belle et tentait de débobiner la pelote de son mystérieux passé. A force de fermeté et de gentillesse, ils finirent par calmer la jeune femme, gagner sa confiance et l’arracher à sa phase de déni. Quand il lui fut promis qu’en aucun cas elle ne serait forcée à rencontrer quiconque contre son gré, elle se rasséréna, acceptant enfin de répondre à son prénom, et commença à se confesser, rouvrant la vanne de 10 ans passés en fuite en avant.
Xiaoyun était un exemple type de cette jeunesse perdue – par l’absence de parents. Quand elle avait quatre ans en 1995, son père et sa mère, paysans sans terre, étaient partis au loin travailler en usine, laissant la petite à la garde des grands-parents. Mais ces vieillards fatigués, dépassés et aux franges de la misère, l’avaient laissée à elle-même, passant leurs journées sur leurs lopins, et sur les sentiers à collecter l’herbe pour leurs lapins. De la sorte, Xiaoyun avait pris de mauvaises habitudes.
Quand elle eut 14 ans, son père et sa mère alertés par les grands-parents sur sa dérive, retournèrent au village. Mais c’était déjà trop tard : elle disparaissait des jours entiers, chapardait pour se nourrir et manquait l’école. Quand elle revenait, les explications qu’elle donnait étaient si invraisemblables que ses parents refusaient de la croire, entrant avec elle en de violentes disputes.
Un jour qu’elle demandait à son père quelques sous pour le bus de l’école, il les lui refusa, l’accusant de mentir une fois de plus : « mais c’était la vérité, s’écria la joueuse aux policiers, et cela m’indigna, me faisant ’fumer par les sept trous du crane’ » (qīqiào shēngyān, 七窍生烟). « Alors, je décidai de me sauver à jamais ».
Voici donc une décennie passée dans la dérive, pour cette jeune Xiaoyun. Mais au juste, ces dix ans comment les aura-t-elle passés, avec quel argent ? Et surtout, quelle suite, quelle vie l’attend ? Ne manquez pas la suite, la semaine prochaine, pour notre dernier numéro de l’année !
Les 26 et 27 novembre, à Pékin, s’est déroulé la 1ère édition nationale du Forum d’affaires sino-français, organisé par la CCIFC, réunissant plus d’une centaine de professionnels.
Présentations et débats ont eu lieu autour de trois secteurs clés (ville durable, tourisme & loisirs, agro-alimentaire) et trois thèmes transverses (investissements chinois en France, management des compétences, recherche/innovation).
C’était l’occasion pour les intervenants de ces tables rondes de présenter leur métier, leur business, et les challenges auxquels ils sont confrontés, et pour les participants de se familiariser avec ces thématiques et d’échanger.
Ainsi a été soulignée l’émergence d’une classe moyenne, passant à 190 millions en 2020, d’où l’obligation de fournir à l’avenir des produits adaptés, racontant une histoire, et de monter en gamme.
Pour la prochaine édition du Forum 2017, Le Vent de la Chine ne saurait que conseiller aux participants de venir davantage avec leurs partenaires chinois, pour une meilleure interaction et enrichir encore le dialogue.
Ce Forum d’Affaires a également été l’occasion de la remise des Prix EIM 2015 (Excellence In Management Awards).
Le jury récompensa :
– Nathaniel Farouz, CEO de ORPEA – « Jeune manager de l’année 2015 » ;
– Andrea Lamieri, General Manager de Legrand Low Voltage Wuxi – « Manager de l’année 2015″
et le prix spécial du Jury revint à Anne Puvis-Cardinali, Directrice Marketing de C&A.
Félicitations et à l’année prochaine !
4-5 Décembre, Johannesburg (Afrique du Sud) : Sommet Chine-Afrique
5 décembre – 3 janvier, Pékin (Solana) : 1ère Edition du Marché de Noël de Strasbourg en Chine
8-10 décembre, Shanghai : Inside 3D Printing, Salon et conférence dédiés à l’impression 3D
10-12 décembre, Canton : IGB Expo, Salon international de la construction écologique
10-12 décembre, Shanghai : Tunnel Expo Chine, Salon asiatique de l’industrie des tunnels
12-15 décembre, Canton : Coffee Expo, Salon du Café
13 décembre – 29 février, Pékin : Today Art Museum, Exposition A Modern Adventure – The RENAULT Collection, réunissant plus de 100 oeuvres d’art contemporain d’artistes du monde entier, puis à partir de Mars, l’exposition se déplacera à Wuhan