C’est une première dans l’histoire du crime cybernétique à travers l’Asie : un gang multinational chinois, démantelé par une police multinationale chinoise.
Organisé depuis Taiwan, un trafic courait depuis fin 2014. Attirés par une promesse d’emplois bien payés, des jeunes Chinois et Taiwanais étaient envoyés au Cambodge, en Indonésie et aux Philippines—via Hong Kong, pour brouiller les pistes. Là, ces jeunes rejoignaient des « call centers » pirates, pour leurs activités délictueuses.
Équipés de d’ordinateurs, smartphones, logiciels furtifs, ils appelaient des particuliers, à Hong Kong ou en Chine et tentaient de les convaincre sous divers prétextes ou menaces (comme d’avoir « contrevenu aux lois chinoises ») de virer de l’argent ou de dévoiler les coordonnées de leurs cartes bancaires. Ils travaillaient sous la contrainte (passeports confisqués) et devaient réunir 150 dossiers par mois de victimes potentielles. Moyennant quoi, ils gagnaient 10.000 yuans par mois, « hors commissions ».
Sans contrôle de la police locale et ne nuisant que hors frontières, ces arnaques rapportaient gros : sur Hong Kong, 4000 « coups » furent dénombrés en 10 mois, dont 431 permirent d’extorquer 15 millions de $.
Ce réseau multinational devait on impunité à son montage « jamais vu ». Mais en un délai plutôt court, la riposte arriva, tout aussi innovante : confirmant la valeur du proverbe « à bon rat, bon chat ».
À Pékin en juin, en lien avec les gouvernements de Taipei, Jakarta, Hong Kong et Phnom Penh, le Conseil d’Etat forma une task force interministérielle.
Le 19 octobre à Surabaya (Indonésie), 224 comparses furent appréhendés. Le 31 octobre, 168 acolytes furent coffrés, cette fois au Cambodge. Onze jours plus tard, 254 malfaiteurs chinois, surveillés par 282 policiers, étaient rapatriés, menottes aux poignets.
Seul le call-center philippin reste encore ouvert—signe des mauvais rapports entre Manille et Pékin (attention au n° d’appel « 29616333 »). Mais on peut supposer que désormais, ses jours sont comptés!
Sommaire N° 38 (XX)