Editorial : Un Plenum à hue et à dia

A l’hôtel Jingxi, complexe militaire à l’Ouest de la capitale, se tenait du 26 au 29 octobre, le 5ème Plenum du Comité Central du XVIII. Congrès – un meeting lourd de conséquences devant simultanément approuver les lignes du 13ème Plan (2016-2020) (cf photo du clip vidéo en anglais au style décalé, à l’initiative de la propagande chinoise) et présélectionner les membres de chaque organe dirigeant (Comité Central, Polituburo, Comité Permanent) en 2017, pour le second quinquennat du Président Xi Jinping.

Au chapitre des promotions pressenties, on peut citer les noms de Liu Xiaokai, cadre du Guizhou, de Chen Zhirong (Hainan), Jin Zhenji (Jilin) – tous trois d’ethnies non-Han. Han Zheng, Secrétaire du Parti de Shanghai pourrait être appelé à d’autres fonctions, tout comme Huang Qifan, maire de Chongqing, suite au succès économique de sa ville. Chen Yulu, à 49 ans, passe vice-gouverneur de la Banque Centrale, Fang Xinghai, diplômé de Stanford (USA), passe n°2 à la CSRC, pour remettre en ordre la bourse, après le sévère dévissage de l’été dernier. Concernant les directions retenues d’ici 2020, on voit sans surprise une continuité avec la politique de Xi Jinping et du 1er ministre Li Keqiang depuis leur arrivée au pouvoir en 2012 : la confirmation du changement de modèle économique, du « PIB à tout prix » au durable. Priorité au maintien d’une croissance « moyenne-haute », la hausse des créations d’emplois, du revenu par habitant, l’élargissement à toute la société de la sécurité sociale et l’amélioration de la qualité alimentaire. Et ceci, malgré la crise. Chi Fulin, un des rédacteurs du plan pense que « ce quinquennat devra « faire preuve de plus de volonté pour craquer l’os de la réforme structurelle » – combattre les lobbies tel celui des « hong’er’dai », seconde génération de leaders rouges accrochés à leurs privilèges. Un but essentiel est le transfert des ressources (travail, capital, terre, technologie et management) des conglomérats d’Etat et ministères, « tours d’ivoire », vers les PME et les migrants. Un transfert qui doit se faire par le désengagement de l’Etat au profit des forces du marché. Ce but est ancien, souvent cité mais non réalisé.
Une des clés pour y parvenir, sera le développement des services, finance, éducation ou santé. Une autre sera l’environnement : le communiqué réaffirme son importance dans l’urbanisation, la nouvelle agriculture (connectée et verte), la marche vers un système national de crédits carbone, et une réorganisation des conditions d’octroi de l’eau et de l’énergie. Une évolution intéressante tient à l’affaiblissement de concepts-clés, tel celui du taux de croissance. Le Plenum a –probablement– adopté un chiffre, mais sans le publier. Néanmoins, le 23 octobre, Li Keqiang aurait cité devant l’Ecole du Parti le taux de 6,53%. C’est en dessous des 7% de l’objectif actuel, mais au-dessus des 5 à 6% souhaités par certains administrateurs, afin de mieux quitter la course au PIB pour se tourner vers celle du « nouveau normal » et du durable. Et c’est là qu’on discerne un souci de cohérence lors de l’établissement des priorités. D’ici 2020, le Parti veut à la fois calmer l’économie pour lui permettre de monter à l’échelle de valeurs, et avoir doublé le PIB de 2010 et le revenu par habitant—objectif inaccessible en cas de taux de croissance inférieur à 6,5%. 

On voit là deux lignes –une « politique traditionnelle », une plus moderne, qui ont été artificiellement fondues, au nom de l’obligatoire consensus. Elles semblent incompatibles : laquelle prévaudra ? Et si derrière chacune se trouvait un homme (Xi et Li, par exemple), lequel gagnerait ?

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