Diplomatie : Merkel en Chine, l’ami européen

Que la chancelière allemande et le 1er ministre chinois s’apprécient, ne fait aucun doute : pour le 8ème voyage d’ Angela Merkel en Chine, Li Keqiang l’accompagnait dans l’Anhui (sa province natale) à Hefei le 30 octobre, second jour de sa visite. Mais c’est aussi une amitié obligée : l’Allemagne est le 1er partenaire européen de la Chine, trustant 33% des échanges communautaires. 

Li conclua avec la chancelière une des plus grosses commandes pour Airbus (lesquelles se signent tantôt avec Berlin, tantôt avec Paris) : 130 appareils (100 A-320 et 30 A-330) d’une valeur catalogue de 17 milliards de $, livrables d’ici 2018. 

Sa puissance commerciale de Berlin lui permet de parler franchement avec son partenaire chinois, même sur les questions qui fâchent : Merkel n’hésita pas à aborder le litige autour du partage des droits sur la mer de Chine du Sud, conseillant à Pékin d’accepter l’arbitrage d’une Cour internationale. 

Entre les leaders, un thème s’imposa de manière inattendue : la guerre en Syrie et au Proche-Orient. Li s’avoue « préoccupé » par l’exode de réfugiés vers l’Europe et surtout l’Allemagne (un million attendus cette année). Une Europe déchirée ne servirait en rien les intérêts chinois. Merkel suggère à la Chine d’assumer sa part dans l’accueil des réfugiés—c’est une première. La presse chinoise n’en fait pas mystère, la Chine n’est pas prête à un influx de réfugiés sur son sol. Mais Pékin veut éviter à l’allié allemand une crise intérieure, pour cause d’un nombre excessif de réfugiés accueillis. Li croit à la « capacité de l’Europe » de faire face, moyennant un effort « concerté ». Il promet aux pays touchés par la guerre une « aide humanitaire pour combattre la misère et d’autres causes d’exode ». Il assure son soutien à une solution politique négociée en un « dialogue égalitaire, ouvert et inclusif » avec le dictateur Bachar Al-Assad, solution désagréable pour Berlin. La question est d’autant plus brûlante, que s’ouvrent à Vienne des palabres sur le sort de Bachar entre Etats-Unis, Russie et Iran… 

À l’Europe, Li réitère sa vieille demande d’accord de libre-échange : quelques jours après la conclusion du TPP, accord du même type entre 18 pays de la zone Pacifique, USA en tête, ce TPP excluant la Chine.
Quelques jours après, Pékin s’empressait de déclarer son souhait d’entrer au TPP, mais aussi à la Banque européenne de reconstruction et développement (BERD). C’est que ce camouflet venu d’Amérique lui fait réaliser son intérêt bien compris à l’avenir : ne pas mettre tous ses œufs dans un seul panier américain.

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