Le patron de la NASA, Ch. Bolden, voit rouge : la coopération spatiale avec la Chine est bloquée aux Etats-Unis, à cause d’un vote du Congrès !
Pourtant l’opportunité est réelle. Au 66ème Congrès international d’astronautique (12-16 octobre) à Jérusalem, Zhou Jianping, chef du programme spatial chinois, offrait à tout partenaire de s’associer à la nouvelle station orbitale de son pays, prévue pour 2022.
Les conditions de coopération sont incroyablement ouvertes : durant les dix années de vie de cette structure habitée, tout pays ou agence spatiale internationale aura loisir d’héberger des équipes d’astronautes, des expériences installées, voire des modules autonomes, « wagons spatiaux » à ajouter à la station-mère (cf photo).
Européens et Russes se sont rués sur l’occasion, signant des accords préliminaires. L’ASE, agence européenne, a débuté la formation d’astronautes à cet effet. Mais pas les Américains, obligés de snober la proposition.
La faute en revient à Frank Wolf, membre républicain du Congrès qui, profitant de l’esprit anti-communiste fort en cette assemblée, a su rassembler assez de voix pour faire interdire quatre ans « automatiquement reconductibles » tout travail de la NASA avec le programme spatial habité chinois. La raison alléguée est la volonté de punir la Chine pour sa répression politique des dissidents, et la crainte de soutenir son avancée technologique en partageant avec elle le savoir-faire de pointe américain. Depuis l’automne, Wolf est à la retraite—mais son verrou demeure.
En peu de temps, le programme spatial chinois a conquis ses lettres de noblesse en investissant lourdement et en rachetant de la technologie russe,
Pékin s’est approprié tous les outils nécessaires à un début de conquête de l’univers : une fusée Long March 2F, une station spatiale Tiangong 1 (sur orbite), un programme systématique d’alunissage, et bien d’autres.
Dès 2018, des voyages par de nouveaux lanceurs (5B, et Long March 7) permettront de satelliser la station-mère. Deux missions de spationautes effectueront des travaux de montage. Suite à quoi, viendront s’ajouter deux modules. Les missions habitées comporteront 3 à 6 hommes (ou femmes) pour une durée de 6 mois. Un télescope extérieur viendra compléter l’ensemble.
Devant ce « parlement » mondial de l’astrophysique, Bolden a promis que le veto du Congrès ne serait plus là pour longtemps. Sur cette belle parole : « quiconque rêve de l’espace, ira forcément vers ceux disposés à mettre leurs astronautes sur orbite ! »
Sommaire N° 34 (XX)