Tibet : Une (vieille) épine au pied de la Chine

Tibet et Xinjiang, régions extrêmes du Far West chinois, ne font pas les grands titres locaux – la censure y veille. Et pourtant dans l’ombre, il s’y passe bien des choses, et ces turbulents « territoires autonomes » sont un sujet évident de souci du pouvoir. 

Sur le « Toit du monde », un bon indice de la tension latente, tient à la succession cet été d’au moins trois meetings au sommet, tout ou partie à son sujet :
les 20 et 30 juillet (le Bureau Politique), et les 24-25 août, le 6 ème Forum de travail-Tibet (Bureau Politique et quelques centaines de cadres territoriaux, ministériels et militaires).
Pour « manager » le Tibet, deux écoles s’affrontent—apparemment depuis toujours. Xi Jinping qui présidait le Forum, s’efforça d’arbitrer entre elles. 

L’une, dure, représente l’armée, avec 300.000 hommes sur place, garante essentiel de la stabilité. Pour elle le contrôle du « Pays des neiges » doit imposer un « meilleur contrôle des frontières » (avec l’Inde) et un « travail idéologique pour le moral des troupes ».
L’autre, plus accommodante, émane du pouvoir civil. Elle reconnaît l’existence d’un « héritage culturel et naturel précieux du Tibet, qu’il faut protéger ». Les négociations intermittentes avec le Dalai Lama, toujours interrompues et jamais abouties, émanent de ce bord.
Le 30 juillet, le Bureau Politique avait envoyé en mission au Tibet deux de ses membres, un de chaque tendance –probablement en vue de réviser sa position : Xu Qiliang, n°2 à la Commission Militaire Centrale, et Wang Yang, vice-Premier.
À leur retour, le Forum eut lieu, thème d’un vaste débat, suite à quoi Xi Jinping trancha : « stabiliser le Tibet est une priorité pour le contrôle des régions frontalières », et « le pouvoir central n’a jamais accepté, n’accepte pas et n’acceptera jamais la ’voie médiane’ (du Dalai Lama) comme solution du problème tibétain »… Clairement sur ce dossier, la tendance dure a prévalu : ni dialogue, ni concession en vue. 

Au demeurant, l’objectif officiel d’ « améliorer les conditions matérielles » et de « renforcer la cohésion sociale » sur le plateau, est poursuivi par le pouvoir, qui y investit lourdement.
Les festivités du cinquantenaire du « gouvernement autonome » (8 septembre, cf photo) furent pour le régime l’occasion de présenter plusieurs réalisations majeures :
– l’aéroport de Golog au Qinghai (Tibet historique), à 3500 mètres d’altitude, désenclavera dès octobre cette ville touristique, la reliant à Xining, Lhassa, Chengdu ;
– depuis 2011, quelques 1400 temples lamaïstes ont été raccordés à l’eau potable, au bénéfice de 900.000 résidents et pèlerins.

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