Economie : Les habits neufs des conglomérats : les « parts dorées »

SinopecCet été, le crash et la prise de conscience de ses causes profondes (la faible rentabilité d’un secteur public trop protégé) a arraché l’administration à ses rivalités : le 24 août, un « document n°24 » était approuvé, sur la réforme des firmes publiques.

<p> Ces lignes directrices ont pour co-auteur le Conseil d’Etat et le Comité Central du PCC. Ainsi, elles sont le fruit rarissime des deux branches du pouvoir, « politique » et « civile ». Le texte n’est pas encore publié – peut-être pour permettre aux leaders de procéder aux derniers arbitrages.
Mais de larges fuites permettent déjà de se faire une idée, à commencer par son objectif : d’ici 2020, refondre structure propriétaire et management des 150.000 firmes publiques (17% de l’emploi chinois, 80% de la bourse), consolider et privatiser. Mais parallèlement apparaît l’angoisse du Parti de garder sous sa griffe les firmes publiques «  sans but lucratif », éducatives ou culturelles, de service public, de la défense… 

Après « consolidation » (fusion, vente, restructuration…), les 114 conglomérats, sous la tutelle de la SASAC, devraient n’être plus que 40.
Le plan envisage de concentrer en méga-géants (sur le modèle de CNR/CSR) ceux de l’énergie, des matières premières, du transport et des télécoms. La SASAC se désengagera de la gestion au profit de holdings inspirées de Temasek (Singapour) ou de fonds souverains scandinaves, qui ne surveilleront plus que la santé du capital.
Pour assurer le contrôle de l’Etat en dépit d’une minorité au capital, un pourcentage de « parts dorées » sera réservé à l’Etat, assorti de droits spéciaux sur les grandes décisions (restructuration, répartition des profits).
Les autres groupes « lucratifs » devraient voir leur sort scellé au cas par cas : fusion, fermeture, vente… 

La liste des objectifs est instructive : insuffler du dynamisme (de la prise de risque) dans la direction, éliminer la corruption, et prévenir l’interférence de l’Etat. Mais il s’agit aussi de renforcer l’emprise du Parti dans les sphères décisionnelles, ce qui est contradictoire.
Les directeurs recrutés sur le marché seront majoritaires, mais la cellule du Parti devra organiser des passerelles entre elle-même et les organes de direction, comités de supervision, centres de recherche… Ses cadres sont supposés disposer de pouvoirs pour recruter, former, superviser leurs collègues « business »… D’où le risque de conflit d’intérêt, et de groupes qui resteront écartelés –comme à présent– entre les besoins du Parti (le monopole du pouvoir) ou de leurs membres (l’enrichissement personnel), et ceux de l’entreprise -l’optimisation des produits, et des profits.

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