Alors que le nombre de
touristes chinois hors frontières explosait en 2014 (100 millions, contre 29 millions en 2004), les leaders éprouvent un soudain souci d ’image. Les incidents gênants se multiplient, tel ce vol d’Air Asia où des passagers furieux ébouillantent l’hôtesse (cf photo), ou d’autres angoissés ou ivres, ouvrent les issues de secours avant le décollage ou tentent de le faire à l’atterrissage, et autres cas de manque de savoir-vivre dans les pays-hôtes. La source de cette dérive est invariablement la même : ces touristes de la 1ère génération n’ont ni tradition de voyages d’agrément, ni vécu interculturel. <p>Face à ce problème, et voyant que les appels à la courtoisie ne marchent pas, au moins sur le court terme, les autorités en sont réduites à tenter d’inventer des solutions inédites. Li Jinzao, directeur de l’Administration Nationale du Tourisme, annonce pour avril un classement des touristes par points – une liste noire des mauvais voyageurs par degré de gravité. Une base de données verra ainsi le jour, à l’intention des agences de voyages, compagnies aériennes, parcs à thèmes ou stations de ski, libres de refuser leurs services à ces trublions épinglés.Sur la même longueur d’onde, la CAAC, tutelle de l’aviation, réfléchit à une liste similaire, d’usage plus direct : les fauteurs de troubles graves, à bord de vols commerciaux, seraient interdits de vol à l’avenir.
C’est un vaste plan, mais qui pose des questions si lourdes que sa faisabilité apparait compromise. Qui fournira les données ? Seront-elles véridiques ? Vérifiables ? Les « épinglés » pourront-ils sortir de la liste ? À quelles conditions ? Et cette liste ne risque-t-elle pas, par trop de pesanteur, de porter atteinte à l’intégrité d’êtres qui sans doute, peuvent apprendre et s’amender ? D’autres méthodes sont toutefois envisageables : plusieurs compagnies aériennes internationales, sur leurs vols notamment vers le Sud-Est asiatique, diffusent sur leurs écrans, un spot contre le tourisme sexuel. Les transporteurs chinois pourraient faire campagne via le même support, invitant au savoir-vivre ensemble. Une méthode plus simple et moins coercitive, pour aider les passagers à… apprendre à voyager !
Sommaire N° 3