Toujours plus puissante, toujours plus présente, la campagne anticorruption se déploie désormais tous azimuts.
En 2014, 72.000 cadres ont été punis dont 68 au rang de ministre, et 16 généraux de l’
Parmi les 112 consortia publics sous tutelle de la SASAC, 53 sont visités, tels China Southern (aviation), Unicom (télécom), Dongfeng (automobile), Sinopec (pétrole). En deux ans, sur 36 d’entre eux, 21 CEO ont été interpellés. Ce secteur public serait nettoyé en prévision d’un plan encore officieux de semi-privatisation, par vente d’actifs aux investisseurs privés et institutionnels.
Sans fanfare, la campagne s’intéresse aux multinationales, par le biais de leur tutelle du Bureau de l’Industrie et du Commerce dont les limiers, à l’aube et sans préavis, viennent fouiller les QG, en quête de pièces incriminantes.
Autre pan de la société, la mafia est elle aussi traquée : 60.000 bandits viennent d’être arrêtés en 100 jours, et 11 tonnes de drogue saisies.
Les 8 mini-partis tolérés en marge de l’Etat-Parti, sentent le vent du boulet : à Canton Pan Shengshen, de l’Association pour la Construction Démocratique, est arrêté (06/01). Il est vrai que Pan avait aussi été membre du PCC et s’était retrouvé président de bien des intérêts publics et privés, telle la JV des ascenseurs Hitachi.
Comment l’opinion réagit-elle ? D’abord enthousiaste supporter du vent de moralisation, elle commence à ressentir peur et découragement, à voir mairies et provinces progressivement amputées de tous leurs leaders. Hôtels, restaurants et magasins de luxe sont laminés. Mais aussi dans les grandes écoles, leurs programmes « MBA » perdent jusqu’à 30% de leur enrôlement, faute de pouvoir justifier l’origine de l’argent des droits d’inscription (jusqu’à 700.000¥/an).
Enfin, on voit poindre une tentative structurelle pour prévenir la corruption : suivant une circulaire du 12/01, 8 millions de cadres vont être rétroactivement augmentés (au 01/10/2014).
La grille des salaires publics, aujourd’hui de 630¥ à 7020¥, va grimper de 1.320¥ à 11.385¥, soit +62% – la plus forte hausse bénéficiant aux positions les plus faibles.
Mais ces fonctionnaires restent insatisfaits : au moment même de leur augmentation, ils devront se mettre à payer leurs 8% de charges salariales, jusqu’alors à charge de l’Etat. Ce détail, imposé pour supprimer un privilège des ronds de cuir mal vécu par le privé, va donc griller l’essentiel de leurs gains. Si tel est le cas, alors, du point de vue de la prévention de la corruption en payant mieux les cadres, l’Etat va devoir revoir sa copie!
Sommaire N° 3