Monde de l'entreprise : Le chapeau magique d’Airbnb en Chine

Le chapeau magique d’Airbnb en Chine

Régulièrement, Nicolas, étudiant à Paris, sous-loue une chambre de son appartement parisien à des touristes chinois via Airbnb, firme de San Francisco fondée en 2008. Pratique pour arrondir les fins de mois !

<p>De l’autre côté de la planète, Lili Liu veut divorcer. Pour racheter à son époux sa part de leur appartement à Pékin, elle emprunte, et pour payer les mensualités, elle loue le logis sur internet, aussi via Airbnb. Et ça marche ! A 600 yuans la nuit, les visiteurs affluent, provinciaux chinois venus visiter la capitale, cherchant leur nuitée sur l’application créée spécialement pour la Chine (cf logo, en photo) et totalement sinisée au niveau de son fonctionnement (paiement via WeChat, localisation Baidu). Airbnb devient ainsi un des ténors d’un marché chinois qui devrait peser 1,56 milliards de $ en 2015, +163%, grâce aux millions de propriétaires de logements en mal d’argent frais, et des dizaines de millions de nouveaux touristes intérieurs. 

Brian Chesky, le jeune fondateur, fait le pari de réussir sur la toile chinoise, où les plus grands du monde (eBay, Yahoo, Google) se sont cassé les dents. Il annonce (19 août) une alliance avec Sequoia-China (créateur de Ctrip) et China Broadband Capital (CBC), ses grands investisseurs. Il recherche ostensiblement un directeur local, pour ramifier et développer le réseau : siniser encore plus, et montrer patte blanche auprès des autorités, hyper-vigilantes sur le secteur de l’internet (très contrôlé et souvent censuré). 

Surtout, le groupe met la priorité, non sur la location en Chine, mais hors frontières, sur les 109 millions de touristes chinois à l’étranger l’an dernier (+11%). Il veut en attirer une partie vers les 500.000 apparts et maisons proposés sur son site, à travers 33 000 villes et 192 pays. De la sorte, sans inquiéter les pouvoirs locaux, il draine l’argent chinois vers son réseau mondial, tout en étoffant gentiment son réseau intérieur.
Mais rien sans rien : quand Airbnb place depuis la Chine une réservation en France, les autorités chinoises ont accès à la base de données, et peut donc savoir où son citoyen dirige ses pas. 

Airbnb se trouve aussi avoir en Chine un « bébé » rival qui pousse furieusement vite : Tujia (途家, « la maison en chemin », 1 milliard de $ de valorisation, 240.000 logis à travers le pays). Et comme actionnaire, on retrouve CBC, déjà partenaire d’Airbnb. Ainsi, pour ce dernier, c’est l’épée de Damoclès, et une « invitation sans frais » de l’Etat à bien se tenir (une situation similaire à celle d’Uber et Didi/Kuaidi). Les actionnaires eux, ayant mis leurs œufs dans les deux paniers, attendent tranquilles, bien au chaud.

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