Après deux ans, quelle méprise de penser que la campagne anti-corruption puisse s’essouffler. La voilà plus vigoureuse que jamais !
<p>Le 25 juin, la CCID, police du Parti, arrêtait en pleine réunion Xiao Tian, n°3 national des Sports, en charge de la candidature de Pékin aux JO d’hiver de 2022. Ceci pourrait améliorer les chances de Pékin (face à Almaty), avant le vote du 31 juillet. Fin juin, la CCID arrêtait Li Zhiling de la CSRC (tutelle boursière), et le 6 juillet, elle jurait d’épingler tous les cadres boursiers aux mains sales.L’audit national pour sa part, vise les deux branches de la loterie pour avoir détourné 2,7 milliards de $ de 2012 à 2014. Nulle arrestation pour l’heure, mais des conséquences sont inévitables.
La campagne se ramifie dans les territoires lointains et de minorités –les autorités locales ont ordre de présenter des résultats. Au Guangxi, Yu Yuanhui, ex-secrétaire du Parti pour Nanning, est une prise de choix, débusqué comme proche de Ling Jihua, l’ex-homme fort (aujourd’hui en disgrâce) de l’ancien Président Hu Jintao. Au Xinjiang, plonge Alimjan Maimaitiming, Secrétaire général du gouvernement local, peu après Li Zhi (cf photo) qui fut de 2006 à 2009 Secrétaire d’Urumqi. Au Tibet, c’est au tour de Le Dake, ex-vice Président du Parlement local, mais surtout grand patron des services de sécurité de 2004 à 2013.
Un peu plus bas dans l’échelle : 38 secrétaires de district ont été révoqués en 14 mois, pour « sérieuses violations de la discipline du Parti et de la loi ». Et le 3 juillet, Xi Jinping recevait 102 d’entre eux au Grand Palais du Peuple comme « travailleurs modèles », tout en les priant de tenter, les années à venir, à conserver cette qualité de probité.
Plus largement, sont visées les compagnies pétrolières, notamment la CNOOC (Wu Zhenfang), Petrochina (Liao Yongyuan) – ce groupe étant déjà cible des premières salves fin 2013—et Sinopec, avec six de ses filiales, qui se trouve en inspection rapprochée. L’audit pointe aussi du doigt 14 consortia, tels State Grid (électricité) et COSCO (maritime) pour falsification des comptes.
Et pour bien montrer que cette campagne de nettoyage et de vertu est tout sauf finie, la CCID lance une application et une plateforme sur son site internet, pour permettre aux citoyens de dénoncer 11 types de corruption, y compris les luxueuses fêtes familiales et les cultes religieux « de l’ombre » – films et photos bienvenues, anonymat garanti.
En fin de compte, ce que cette hyperactivité suggère, au cœur d’une crise financière sans précédent, est que l’Etat –avec nervosité– cherche des solutions à des problèmes sur lesquels il a de moins en moins prise.
Sommaire N° 27-28 (XX)