Alertée par diverses rumeurs sur l’existence de filières de viande avariée, l’administration des douanes frappe fort depuis début mai, à travers 14 provinces.
Or, un retard important dans la divulgation des résultats, suggère la perplexité écœurée des fonctionnaires : pour près de un demi-milliard de $ de viande congelée ont été saisis (cf photo) et 14 gangs démembrés. 100.000 tonnes d’ailerons de poulet, de bœuf, porc et autres, constituaient le butin, souvent putride d’ailleurs. Dans le Guangxi près du Vietnam, le bétail avait été abattu et congelé dans les années ‘70, du vivant de Mao. Au Hunan (plus de 800 tonnes saisies), Yang Bo, vice-directeur des douanes, précise que la marchandise voyageait de jour sous bâche, par camion non réfrigéré, recongelée la nuit pour poursuivre le lendemain son hasardeux périple. <p>Dans certains cas, l’origine était l’Inde, la camelote passant via Vietnam et Hong Kong. L’élément déclencheur avait été, dans les années 2012-13, une pénurie de viande aggravée par les taxes douanières (39%), qui fit fuser les cours sur les marchés entre 50 et 60yuans/kg. En 2013, cette même tension sur les prix avait inspiré une autre carambouille, entre Shanghai et Jiangsu : des lots de rat, vison et renard étant vendus pour du mouton.Tout ceci indique que les grands scandales alimentaires, cycliques depuis 2008, tel celui du lait à la mélamine, n’appartiennent pas encore au passé. Néanmoins, un lourd travail a été fait depuis par l’administration pour réimposer un contrôle de qualité internationale dans le secteur du lait, notamment pour bébé. Deux laits maternisés viennent d’ailleurs d’être retirés la semaine passée en Chine, l’un provenant du Shaanxi pour excès de nitrate, l’autre des Pays-Bas, pour erreur d’étiquetage.
Mais ce nettoyage reste à faire en d’autres secteurs comme la viande, où les saisies de la semaine passée ne sont, semble-t-il, qu’une face cachée de l’iceberg. À l’université nationale agricole, le professeur Cao Binghai calcule qu’entre 2012 et 2013, rien qu’en viande bovine, jusqu’à deux millions de tonnes auraient ainsi été introduites sur le marché chinois sans taxes ni contrôles vétérinaires dont seule une infime partie vient d’être détectée… Il reste donc « du pain sur la planche »
Sommaire N° 25 (XX)