Le 26 mai, la presse annonce que 12 mois d’anti-terrorisme au Xinjiang ont permis de démanteler 181 gangs, dont 96% « avant d’avoir pu passer à l’acte ». 112 individus se sont rendus.Cette dernière campagne fait suite aux sanglants attentats de 2014 à Urumqi et Kunming (39 et 31 morts), ainsi qu’à d’autres incidents graves comme en août 2014, où les policiers avaient tué par balles 9 suspects. Ce bilan public porte un message : la région est bien en main. Incidemment, l’annonce est aussi faite à 8 jours d’un autre anniversaire officiellement peu prisé : la fin du printemps de Pékin (4 juin 1989).
Le Xinjiang, Far-Ouest à 3500 km de Pékin, a toujours été une région turbulente, se rebellant sporadiquement contre l’ordre musclé de la capitale. Récemment, on croit percevoir une recrudescence d’efforts autoritaires, afin de barrer la radicalisation qui s’insinue sans cesse parmi les 45% du fond ethnique ouighour.
Depuis août 2104, sous peine d’amende, parfois de prison, au nom d’une « campagne de beauté », des villes telles Urumqi ou Karamay bannissent le voile, surtout la burqa et les longues barbes. Depuis le 1er mai, à Kashgar, la vente d’alcool et de tabac est obligatoire en tous commerces, afin de tenter d’affaiblir la foi musulmane des clients.
A Yili, frontière kazakhe, depuis le 15 mai, les résidents doivent remettre leurs passeports à la police pour restreindre les sorties du territoire…
Pourquoi ce regain de tension, alors que la pacification semble gagner la partie – sans violence majeure depuis 10 mois ? Cela pourrait résulter de l’appel récent d’Abou Bakr al-Baghdadi, le commandant en chef de Daesh en Irak : « Ouighours, vos frères attendent votre délivrance, et anticipent vos brigades ». Une menace que Pékin doit prendre au sérieux.
Pékin réagit en réduisant sa marge de tolérance, et en préparant sa future « Route de la soie » vers l’Asie Centrale à coups de dizaines de milliards en quelques décennies : ces futurs échanges (matières 1ères contre zones industrielles et infrastructures) vont resserrer les liens avec les pays voisins, et isoler les séparatistes.
Double et lancinant, un problème demeure : l’incapacité à dialoguer, et à répartir équitablement la richesse créée entre ethnies. La contradiction perdure depuis des décennies. La politique ne change pas.
Sommaire N° 21 (XX)