Editorial : Entre rires et pleurs, la Chine cherche la sortie de crise

Ces temps-ci, les leaders alternent les signaux optimistes et pessimistes sur l’état de l’économie, créant un climat aussi changeant que celui du ciel de Pékin. Le 23 avril, à Quanzhou (Fujian), Li Keqiang, 1er ministre, avoue que le sort du textile lui fait perdre le sommeil. Le lendemain à Tsinghua, Lou Jiwei, ministre des Finances, estime à « moins de 50% sur 5 à 10 ans » les chances d’éviter que la classe moyenne ne souffre d’une trop faible croissance de PIB. Mais le 28 avril, pour un sondage américain, 500 investisseurs chinois se déclarent confiants à 94%, tandis que la bourse de Shanghai grimpe de 16% au 1er trimestre 2015, après 58% au second semestre 2014. 

Mais les faits sont têtus. McDonald’s ayant perdu 11% de revenus au 1er trimestre (à 5,95 milliards de $) s’apprête à fermer des dizaines de restaurants. 190.300 conflits de travail (+16,8%) frappent 275.600 actifs (+24,8%) : c’est le « chômage invisible » non repris dans les statistiques. Le Ministère des Ressources humaines admet 3,24 millions de jobs créés depuis 3 mois, 200 000 de moins qu’un an avant. Les pertes se concentrent entre Dongbei et Shanxi, coincés entre le recul de l’embauche et celui des demandeurs d’emploi. Symptomatiquement, les migrants ne vont plus chercher « du boulot » à Pékin, Shenzhen ou Shanghai, mais dans les villes secondaires comme Chengdu, Xi’an ou Shenyang, où les chances sont meilleures.
Les ronds-de-cuir démissionnent des banques et administrations (12 à 34% du personnel). Fuyant les réductions salariales, pertes d’avantages et contrôles financiers, ils trouvent refuge dans le privé, plus calme et mieux payé. Le même désamour frappe les candidats à la fonction publique.L’Etat serre la vis des sorties de capitaux : la SAFE, tutelle des devises, constate une fuite géante, de 8,2 milliards de $ en janvier, à 66 milliards en mars ! Ce sont les banques, qui préfèrent sortir leurs fonds plutôt que de les prêter en obligations locales, selon le plan de l’Etat en mars pour éponger 2,6 trillions de $ de dettes municipales – augmentées de 50% en 22 mois. 
Aussi Li Keqiang en vient à faire ce qu’il ne voulait pas : faire marcher la planche à billets. Un nouveau mécanisme d’ emprunt public se met en place, inspiré du refinancement à long terme des dettes des Etats membres par la Banque Centrale Européenne : les banques souscrivant ces bons provinciaux, pourront les hypothéquer auprès de la Banque Centrale chinoise contre des bons du trésor à trois ans, à bas taux. La BPdC et Li Keqiang espèrent ainsi pouvoir inciter les banques à prêter ces crédits tous frais, aux PME. Tandis que les crédits propres des Banques, à taux réduit, allégeront la charge de leur dette et leur donnera trois ans pour mettre leurs dépenses en ordre. 
D’autres actions accompagnent ce plan : un train de coupes aux taxes à l’importation de produits de grande consommation (cosmétiques, habillement). Mais à nouveau, on entend Li Keqiang tonner contre les cadres qui compromettent ce plan en le freinant. Enfin, se poursuivent les grands travaux des secteurs stratégiques : énergies renouvelables, santé, environnement, 3ème âge, GNL et mines…
Avec ces injections de vitamines, Pékin espère tirer du lit le malade Chine. Le problème : quand commence le grand chantier de la taxation et du crédit, le démantèlement des privilèges des nantis, toujours reporté ? 

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