Santé : Air pur, bébé joufflu !

Il fallait y penser ! Durant six semaines, entre le 8 août et le 16 septembre 2008, lors des Jeux Olympiques de Pékin, suite aux efforts volontaristes et éphémères des autorités fermant centrales thermiques et usines, et imposant l’alternance des véhicules 1 jour sur 2, le ciel de la capitale s’était nettoyé de 43% de son habituel dioxyde d’azote, de 48% du monoxyde de carbone, de 60% du dioxyde de soufre et d’une proportion respectable de ses microparticules µ2,5. 

Une équipe médicale sino-américaine, sous la direction de l’épidémiologiste David Rich (Université de Rochester, N.Y.) eut l’idée de se demander ce que donneraient au plan de la santé les nouveau-nés de 5000 Pékinoises à leur 8ème mois de grossesse à cette période d’atmosphère améliorée. L’enquête compara ce groupe, aux 83.672 nés au même endroit (districts de Xicheng, Haidian, Fengtai et Chaoyang) à même époque en 2007 et 2009. 

Le résultat est fort édifiant : à 3,4kg en moyenne, les nouveaux nés des JO pèsent 23 grammes de plus que ceux ayant vu le jour sous la pollution d’août-septembre de 12 mois plus tôt, et plus tard.
« Certes, note Jim Zhang, autre chercheur de l’Université Duke, 23 grammes ne semblent pas grand chose, mais pour un nouveau-né, cela pèse lourd, surtout s’il est prématuré : à 1,5kg, cela peut faire la différence entre la vie et la mort ». En 2013, un quart des prématurés en Chine décédaient, comme 11 enfants de moins de 5 ans sur 1000. 

La brève embellie du climat pékinois de 2008 avait par ailleurs apporté un autre bénéfice à la population adulte : en 2012, une étude médicale concluait que durant les mois suivant les Olympiades, les hôpitaux de la capitale avaient enregistré une baisse des cas d’accidents cardio-vasculaires, démontrant une amélioration de la santé cardiaque. Une donnée encourageante, et qui va dans le sens de cette autre étude américaine publiée en 2013, selon laquelle la pollution aérienne réduit en Chine du Nord, l’espérance de vie de 5 ans et demi. 

L’équipe universitaire de Rochester l’admet, le lien scientifique, biologique entre pollution et baisse de poids du nouveau-né n’est pas connu. Mais l’on sait à présent que le déficit de croissance intra-utérine en Chine n’est pas imputable à la mère, mais à la qualité de l’air. « Et on sait aussi que ce phénomène est réversible », ajoute le professeur Rich : nettoyez l’air, et la santé de la population s’améliorera immédiatement.
Un message qui ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, ni au ministère de la Santé, ni à celui de l’Environnement.

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