Monde de l'entreprise : Public et privé, faillites comparées

Public et privé, faillites comparées

Le 21 avril, Tianwei de Baoding (Hebei) tombait en quasi- faillite, après avoir renoncé à payer 14 millions de $ d’intérêts sur une obligation de 242 millions. Tianwei produisait des transformateurs et du polysilicone, matière 1ère des panneaux solaires. Le défaut est attribué aux surcapacités mondiales (60%) en cellules photovoltaïques, à l’assèchement du crédit, et à la volonté du Conseil d’Etat de consolider les différents secteurs de l’économie. L’affaire a fait l’effet d’une bombe car la dette réelle de Tianwei est estimée à 1,6 milliard de $, et la firme est une filiale d’un consortium public de défense, d’ordinaire chouchouté par les banques et les ministères. C’est la 1ère fois qu’une firme d’Etat mord la poussière, et c’est un avertissement sans frais aux groupes publics, de mieux se gérer, ou de mettre la clé sous la porte. 

<p>Cette imminente faillite s’explique aussi par la nouvelle politique publique en fait d’obligations, principal outil de refinancement des provinces. Pékin autorisait en mars 160 milliards de $ d’émissions de bons provinciaux. Mais cette sorte d’ « assouplissement quantitatif » ponctionnant l’épargne des ménages, a pour corollaire l’interdiction aux provinces de sauver leurs « canards boiteux » : que les crédits désormais limités, aillent aux firmes les plus dynamiques !

Au même moment, le groupe immobilier Kaisa annonçait faire défaut sur deux obligations pour 1 milliard de dollars, avec une dette de 10 milliards. Quoique comparables, les deux dossiers sont en fait diamétralement opposés, Kaisa étant un groupe privé, et sa dette à l’étranger. Dans le cas Kaisa, c’est de la fragilité des promoteurs chinois dont on parle : profitant de l’engouement mondial, ils ont levé, en obligations 66 milliards de $, dont 26 milliards de $ en 2014. Et vu la chute des commandes et du crédit frais, d’autres faillites risquent de suivre. 

Comment ces deux affaires vont-elles être démêlées ? Suite aux interventions invisibles de l’Etat, la faillite du groupe privé Chaori, fabricant de panneaux solaires, en mars 2014, s’était bien terminée pour les petits actionnaires (seules les banques avaient perdu). Mais à présent, l’Etat veut rester à l’écart. Le scenario le plus raisonnable est que, dans l’affaire Kaisa, les investisseurs étrangers (banques et fonds de pension asiatiques) n’auront que leurs yeux pour pleurer !

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