Société : La retraite à 65 ans dans 30 ans ?

Un sujet qui angoisse, dans les ministères –car il les concerne tous– est celui des pensions. Comment faire face au vieillissement social, quand le fonds national est ric-rac et des systèmes non intégrés voire disparates doivent soutenir 200 millions de vieux citadins et paysans, cadres et ouvriers publics, et entrepreneurs privés ? Chaque mois, le fonds verse des retraites fort inégalitaires, en moyenne 2000¥ au retraité des villes, et… 70¥ à celui des champs. Pour l’heure, la ressource suffit encore à la tâche : en 2014, d’après Caixin, la revue financière, le fonds a collecté 2,6 trillions de ¥ en cotisations salariales et patronales, et reversé 2,1 trillions. 

Mais ce bel équilibre approche de la fin, avec le tsunami aux cheveux blancs qui pointe à l’horizon : les 15% de sexagénaires (ou plus) de 2014, friseront les 40% en 2020. Et sous l’actuel système de répartition, les 3 cotisants qui s’épaulent pour soutenir la vie d’un pensionné, ne seront plus qu’1,3 en 2050 – la charge sera dès lors insupportable ! 

Seule solution, changer de système et comme partout au monde : reculer l’âge de la retraite. D’autant qu’en Chine, le système hérité de Mao Zedong assure le départ de la femme (urbaine) à 50 ans et celui de l’homme à 60 ans. Au passage, pour « la moitié du ciel », le deal n’est pas si avantageux qu’il n’y parait : à 50 ans, la femme déjà salarialement défavorisée à tâche égale par rapport à l’homme, est remerciée par l’entreprise avec une pension amputée de 10 ans de cotisation. Ces 10 années les plus fructueuses en terme de salaire, laissent à la néo-retraitée, une pension squelettique par rapport à celle de son compagnon.
Enfin, le système n’est pas viable. Dès 2014 Ma Kai, vice-Premier, annonçait que par rapport aux versements, la courbe de croissance des recettes s’était infléchie l’année d’avant de 5,3% : « si nous ne changeons pas vite d’organisation, concluait-il, nous n’échapperons pas à un très gros décalage ! » 

Cette année, déclare Yin Weimin, ministre de la Sécurité sociale, un plan sera rédigé, soumis au Conseil d’Etat en 2016. Il pourrait s’inspirer d’une proposition de la CASS, qui vise pour l’ensemble du monde du travail la retraite à 65 ans en 2045, au moyen d’un compte à rebours où chaque femme devrait travailler un an de plus tous les 3 ans, et chaque homme tous les 6 ans.
« Les gens doivent se préparer », déclare Xiao Wen, professeur à Stanford. « On ne peut dire à un homme de 55 ans, un pied à la retraite, qu’il devra travailler 10 ans de plus. Mais on peut dire à un quadra s’attendant à la pension à 60 ans, qu’il l’aura à 62 ».

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