Monde de l'entreprise : Pirelli change de passeport

Pirelli change de passeport

À ce jour, les investisseurs chinois n’avaient jamais tenté de prendre d’assaut une multinationale italienne. Depuis 2010, ils avaient versé des milliards d’euros chez Fiat Chrysler, à l’ENI (pétrole), dans Terna, le réseau de distribution électrique – mais toujours en parts minoritaires. Cela vient de changer : le 22 mars à Milan, le Conseil d’administration de Pirelli approuve une reprise majoritaire par ChemChina. Après 143 ans, le n°5 mondial du pneumatique devient filiale de ce consortium sous contrôle de la SASAC.

<p>Le russe Rosneft qui tenait 13% de Pirelli, recevra 900 millions d’€, et réinvestira 400 millions dans la nouvelle entité, gardant 5% des parts. ChemChina rachètera pour 7,3 milliards d’€ d’actifs, à 15,5€ l’action, apportant près de 2 milliards d’€ à M. Tronchetti Provera, principal actionnaire et CEO, ainsi qu’à Camfin, la holding du groupe. Gardant « le beurre et l’argent du beurre », le CEO et son état-major conservent la direction quotidienne du groupe, dont le siège social restera aussi sur place. Autre atout au groupe transalpin, il y renforcera son nom et son réseau de distribution, lui donnant les moyens de se mesurer à Michelin ou Continental sur les marchés d’Asie, l’avenir du marché ces 20 prochaines années. 

À ChemChina, ce rachat permet de sécuriser ses réserves financières, tout en les mettant à l’abri du fisc chinois. Riche en cash et avec un yuan fort, ChemChina a beau jeu d’investir dans la botte italienne, fragilisée par la récession. Pirelli lui donne accès à une technologie qui lui faisait défaut, et à une visibilité mondiale. La branche pneus camions et engins de chantier de Pirelli, qui végétait, sera refondue à Aeolus, filiale de ChemChina. 

A l’inverse des dirigeants et actionnaires de Pirelli, le deal passe mal auprès des italiens, qui voient passer l’un de leurs fleurons industriels à l’étranger. Pirelli à l’avenir, n’aura plus un mot à dire sur ses choix stratégiques : ils seront faits à 9000km, par des gens sans sensibilité pour l’emploi dans la plaine du Pô…

Enfin, remarque une source chinoise, avec 20 millions de pneus vendus par an dans l’Empire du Milieu, ChinaChem n’avait nul « besoin » de cet achat. Une de ses raisons, un rien dilettante, serait de « se familiariser à l’Europe ». Autant dire qu’à l’avenir, les achats chinois d’actifs du vieux continent, ne feront que croître.

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