Comme excitées par le printemps, ces semaines voient la Chine s’éveiller à l’énergie solaire. En témoignent le film écologique « Sous le dôme » de Chai Jing (vu 200 millions de fois sur internet avant d’être censuré), et la visite en Chine, de l’avion suisse à 17.000 cellules solaires Solar Impulse 2, attendu à Chongqing, au plus tôt le 24/03, puis le 25/03 à Nankin.
Une autre nouvelle confirme le sérieux de l’Etat dans son pari de terrasser l’hydre de la pollution.
Le 17/03, l’Agence Nationale de l’Energie (ANE) révise son objectif d’installations de panneaux solaires.
À travers le pays, elle veut voir installer 200.000 panneaux solaires par jour (cf photo) et 17,8GW dans l’année. C’est 19% de plus que le but cité en janvier (15GW), et 2,5 fois le score des Etats-Unis en 2014. Aussi un tel pari (37% de plus que le pronostic de Deutsche Bank qui s’attendait à 13GW) interpelle les experts : comment le réussir, quand l’an passé, l’objectif a été raté – les provinces n’ont installé que 12GW de capacité, 2GW de moins que fixé ?
C’est qu’entretemps, le coût du pétrole a chuté, permettant aux énergies renouvelables de prendre de l’avance, sous l’angle des investissements.
C’est aussi que l’ANE a affiné sa politique. L’agence laisse désormais aux provinces le choix entre les installations « sur les toits » et les fermes solaires.
En revanche, elle leur fixe un agenda serré : d’ici fin avril, elles devront déjà avoir sélectionné leurs développeurs, en privilégiant ceux assurant les meilleurs rendements. Les provinces ayant réalisé les meilleurs résultats « pourront espérer » de plus gros quotas l’année suivante.
L’objectif visé ici, est d’obtenir 10% de baisse du prix de l’électricité solaire sur le réseau d’ici 2016. Par contre, les provinces n’ayant pas réussi à installer 50% de leur quota avant fin octobre, verront ce volume réduit l’année suivante – car elles devront d’abord achever en début d’année 2016 leur tâche de 2015… Sur ces bases, l’ANE escompte des investissements solaires de 3,4 milliards de $ en 2015.
NB : cet hiver, les Pékinois ont noté une meilleure transparence du ciel. Ce que confirme la baisse officielle de l’usage de charbon-vapeur (-1,6%), quoique le PIB lui, ait crû de 7,4%.
Ceci semble prouver dès maintenant la possibilité d’une croissance décarbonisée du PIB. Pour le sommet mondial COP 21 de Paris fin novembre, qui vise une baisse concertée des émissions de CO2, la tendance est de bon augure.
Sommaire N° 12 (XX)