Le Vent de la Chine Numéro 7
Le Président Xi Jinping n’a pas manqué le rendez-vous à Sotchi (Russie) le 07/02. En assistant à la cérémonie d’ouverture des 22ème JO d’hiver, Xi a tiré d’embarras son homologue V. Poutine,boudé par les leaders de l’Ouest. En effet, depuis sa réélection en 2012, Poutine s’est mis à dos D. Cameron (en expropriant de Sibérie, un gisement géant gazier de BP en 2013), A. Merkel et F. Hollande (en brisant la marche de l’Ukraine vers l’UE et de faire voter une loi anti-gay), B. Obama (affaire Snowden, et le 06/02, la diffusion sur internet, d’un enregistrement désobligeant envers l’Union Européenne, de la vice – Secrétaire d’Etat américaine, V. Nuland).
Aussi, l’absence à Sotchi de tant de grands de ce monde permit à Xi d’occuper le terrain, et d’y célébrer l’amitié sino-russe, multipliant avec Poutine les gestes de connivence.
Que l’on ne s’y trompe pas : entre Poutine et Xi, les liens sont étroits. Depuis janvier 2013, ils se sont vus 3 fois, appelés 5 fois, écrit 16 fois – soit 2 contacts par mois. Cette volonté politique de rapprochement a produit 87 milliards de $ d’échanges bilatéraux en 2013 qui passeront le cap de 100 milliards de $ en 2015. Les deux pays fêteront cette année le 65ème anniversaire des relations.
Mais cette « amitié » a ses limites et garde des séquelles de siècles de méfiance mutuelle.On a pu le voir avec le traitement à Sotchi du Japon dont Shinzo Abe, son 1er ministre avait fait le voyage. Xi Jinping proposait à Poutine de mettre en « pool » les revendications territoriales contre Tokyo, histoire de se renforcer mutuellement (depuis 1945, la Russie a annexé l’archipel des Kouriles, dont Tokyo réclame restitution). Poutine a fait répondre que ce n’ était «pas nécessaire». Ce dernier prépare une visite à Tokyo à l’automne, alors que la Chine semble partie pour boycotter son voisin oriental pour des années peut-être. Seule concession russe aux attentes chinoises anti nippones : les pays célébreront ensemble dans les écoles le 70ème anniversaire de leurs victoires sur le Mikado « impérialiste et criminel » – c’est peu.
A Sotchi, Xi fit d’autres rencontres, telle celle de H. Karzai, son homologue d’Afghanistan. Ce voisin occidental donne du souci à la Chine : comment assurer, après le départ fin 2014 des troupes américaines (avec lesquelles Karzai est en mauvais termes ces derniers temps), la survie de ce régime fragile ? Tant pour protéger la mine de cuivre d’Aynak, seconde mondiale (réserves estimées à 88 milliard $) concédée à la Chine pour 30 ans, que pour éviter la prise de pouvoir par les Talibans intégristes, bête noire de Pékin qui redoute leur action de soutien aux séparatistes du Xinjiang ?
Un autre aspect de la visite de Xi Jinping à Sotchi apparut, d’ordre national celui-là : une forme d’auto glorification, réminiscence des années de culte de la personnalité de Mao. Dans les média, Xi apparaît comme un sportif actif dans diverses disciplines, comme le football. Il est aussi dépeint comme un lettré féru de la littérature russe, dont il déclare avoir lu tous les grands auteurs «en fin de sa jeunesse». Et visitant l’équipe nationale au village olympique (cf photo), il s’impose en chef d’équipe naturel, exhortant les 66 athlètes (dans 49 épreuves et 9 disciplines) à « exhalter leur esprit olympique» en rapportant au pays une cargaison de médailles (au 17 février, trois médailles d’or, deux d’argent, une de bronze). Cela dit, les sports de neige et de glace étant pour l’Empire du Milieu des disciplines plutôt nouvelles, Pékin n’espère pas mieux que sa 7ème place conquise aux JO de Vancouver.
Sotchi fut aussi le moment de dévoiler la candidature de Pékin (Zhangjiakou) aux JO d’hiver de 2022. C’est pour la Chine une seconde tentative après celle de Harbin en 2010. Elle avait été défaite pour cause de pollution et de trop grand froid.
Aujourd’hui, Zhangjiakou, ville à 3h30 de la capitale, aspire à devenir un « Davos d’Extrême Orient » (une villégiature à la mode combinant sport, mode). Elle devra terrasser des adversaires de poids, parmi lesquels Oslo, Cracovie ou Almaty (Kazakhstan). Comme atouts, elle pourra compter sur un budget illimité d’infrastructures, y compris un TGV qui la mettra à 90 min. de Pékin. Mais ses handicaps sont lourds : la pollution (Pékin promet de l’avoir enrayée d’ici là, mais le scepticisme reste aujourd’hui majoritaire), et surtout le fait que les prochains Jeux, ceux de 2018, reviennent déjà à l’Asie (à Pyeongchang, Corée du Sud ), et accorder deux fois des JO à une même région du monde, n’est pas de mise au CIO. Affaire à suivre !
Samedi 15 février 2014, la 64. Berlinale a attribué l’Ours d’Or au réalisateur chinois Diao Yinan pour son polar « Black Coal, Thin Ice » (Bairi Yanhuo, 白日焰火, littéralement Feux d’artifice en pleine lumière).
Trois films chinois figuraient parmi les 20 films sélectionnés du Festival de Berlin.
Un signe de vitalité souligné dès l’ouverture du festival : « Ces longs métrages ont en commun d’essayer de montrer une Chine éloignée des méga-villes, telles que Shanghai ou Pékin, une Chine dont on découvre les lieux cachés, et parfois magiques », avait expliqué début février le directeur du festival Dieter Kosslick.
L’acteur Liao Fan, dans le rôle de policier à la dérive, remporte l’Ours d’argent pour le meilleur acteur. Prix pour la première fois décerné à un acteur chinois
Le film, qui a passé la censure chinoise, devrait être projeté dans les salles du pays courant avril/mai 2014.
Un autre film chinois, Tui Na 推拿(Blind Massage), de Lou Ye, a reçu le prix de la contribution artistique, allant au directeur de la photographie Zeng Jian.
Le coup de filet nocturne à Dongguan (09/02) fut précédé par un reportage moralisateur à la CCTV. A peine le générique lancé, 6500 policiers faisaient irruption dans 2000 hôtels et autres salons de massage de la « Cité du vice ». Curieusement, sur les 250.000 prostituées supputées, seules 162 furent arrêtées, car nombre de ces « cages à poules » auraient été prévenues du raid imminent, et avaient fermé leurs portes pour « redécoration ».
Cité industrielle de 8,2 millions d’habitants, Dongguan avait perdu ses usines et emplois depuis 2009, envolés vers l’intérieur chinois, moins cher. Comme tant d’autres dans la région, elle s’était recyclée dans le marché du sexe, au service de clients en Chine et de Hong Kong, en quête de plaisirs.
Avec ses hôtels de haut vol et ses innombrables commerces dérivés (voyages, cosmétiques, restaurants…), c’était un marché très lucratif. La ville devra donc faire le deuil de plus de 8 milliards de $ par an, soit 10% du PIB local selon les experts.
Pour nettoyer les écuries d’Augias, la frappe a été élargie à tout le Guangdong, contrôlant 18 000 établissements en 3 jours, en fermant 200, et arrêtant 1000 personnes. Et ce n’est qu’un début ! Derrière cette action se profile le prometteur Hu Chunhua (51 ans), Secrétaire provincial du PCC.
En novembre, il frappait déjà Boshe, le village de la drogue (cf VdlC n°02), puis Dongguan à présent. Dans les deux cas, il sollicite sagement l’aide de Pékin. Ce faisant, il démontre son impeccable esprit de corps, sa loyauté, et sa détermination à mettre un terme à ces dérives – qualités primordiales pour rester en tête de la course, pour relayer Xi Jinping au sommet en 2022.
Parmi les inégalités que vit la société chinoise, compte la
protection sociale.A commencer par l’assurance médicale. Une protection légère s’est rapidement développée, mais reste trop faible pour faire face aux actes médicaux lourds. Le citadin peut espérer une prise en charge complète, en faisant jouer ses assurances d’Etat et privées. Mais le paysan évite l’hôpital à tout prix, même si cela doit lui coûter la vie : il n’a pas les moyens, et les coûts du traitement se paie d’avance, et au pire, ruinera sa famille sans garantir sa propre survie.
De même, le retraité pékinois touche 5 fois ce que reçoit celui de Chongqing, et 10 fois celle d’un paysan (quand il en touche, ce qui reste l’exception). Pire est le cas du fonctionnaire qui touche une retraite 50% supérieure à celle des autres, alors que de toute sa vie, il n’a pas contribué d’un seul yuan.
De toutes ces incohérences résultent une colère et une méfiance – un refus sourd de cotiser. C’est à ce challenge que s’attaque Li Keqiang à présent : des décisions sont prises, qui feront l’objet de débats à l’ANP à sa session de mars :
– Adoptée au Conseil d’Etat (07/02), la réforme de la Sécurité sociale impose aux provinces de payer au moins 50% des traitements lourds par le biais d’une assurance à créer d’ici juin : dans le forfait annuel de soins de chaque assuré qui sert à payer les soins à l’hôpital, un nouveau budget serait créé, pour offrir aux assurés sociaux la latitude de souscrire à cette complémentaire. 23 provinces et 120 villes participent déjà au plan, mais pour un remboursement encore trop faible.
– Les choses bougent aussi pour les hôpitaux privés, qui croissent depuis 10 ans : ils étaient 9800 en 2013 (soit 42% du parc hospitalier global).
– Li veut aussi fusionner les caisses de pensions pour obtenir plus de transferts entre Est et Ouest, villes et campagnes. Avalisé le 08/02 au Conseil d’Etat, son plan prévoit aussi d’augmenter de 10% les pensions, et de prendre en charge 100% des coûts au centre et à l’Ouest, et 50% à l’Est côtier, plus riche. Le financement doit venir « des cotisations, des transferts publics, des unités collectives » et d’un sponsoring charitable.
Mais des questions restent éludées : quand les fonctionnaires vont-ils commencer à contribuer ? Et quand reculera-t-on l’âge de la retraite, aujourd’hui à 53 ans en moyenne – un héritage remontant à Mao ? Il faudrait passer à 65 ans. L’Etat propose un étalement graduel sur «10 à 20 ans ». « Bien trop tard », s’écrie Wang Dewen, de la Banque mondiale. Dès 2012, 20 provinces s’endettaient sur les pensions et d’ici 2033, la Chine pourrait accumuler 11 200 milliards de $ de dettes, grillant ainsi toute sa croissance. Pire, d’ici 2050, les sexagénaires seront 450 millions : 4 personnes âgées à charge d’un seul actif…
Si le pouvoir temporise, c’est que les vieux travailleurs refusent de repousser leur passage en retraite. Souvent de santé précaire faute de suivi approprié, ils craignent de surcroit de se faire licencier, et de ne pas pouvoir retrouver d’emploi d’ici l’ouverture des droits à la pension. Et puis jusqu’à présent, travailler plus longtemps ne leur permet pas de recevoir plus. Autant de données qu’il va falloir faire évoluer.
A l’assuré, cette couverture sociale crédible et solide permettra de pouvoir investir son salaire en consommation, plutôt qu’en épargne pour ses vieux jours. Il pourra aussi changer de lieu de vie (de travail, ou de pension) sans perdre ses acquis de retraite. Une telle évolution prendra des décennies. Mais Li Keqiang a le mérite de faire le premier pas.
Selon l’enquête de la Bank of America,
Li Keqiang, le 1er ministre aborde l’année 2014 avec une politique innovante sous l’angle salarial : imposer le maintien d’une hausse moyenne de 10% des salaires, en dépit de l’effritement de la croissance.Pour y parvenir, l’Etat n’essaie pas de l’imposer aux firmes mais agit par le biais des salaires minimum, imposés aux entreprises selon leur localisation. Selon les « lignes directrices » du Conseil d’Etat de 2013, les salaires minima doivent augmenter de 13% par an pour atteindre au moins 40% du salaire moyen local d’ici 2015. Aussi, à Shenzhen en 2014, la hausse suivra exactement la directive (13%). Ailleurs à Yangzhou (Jiangsu, une des provinces les plus riches), elle atteindra +15,6%.
Les firmes doivent répercuter ces hausses, ne serait-ce que pour conserver leurs employés au retour du Chunjie (bon nombre s’éclipsent entretemps, ayant trouvé un emploi plus proche de chez eux). Ce besoin est plus fort encore sur le marché qualifié. Pour 2014, selon l’agence shanghaienne Michael Page, les firmes s’attendent à voir 45% de leur personnel qualifié les quitter, soudoyé par de meilleurs salaires. Ceci sera surtout vrai dans les métiers financiers, des services et des industries à haut savoir-faire -pharmacie, aéronautique, énergie…
Cette hausse des salaires présente peut être lue comme la face cachée de la vaste réforme sociétale ambitionnée par le tandem Xi Jinping/Li Keqiang pour transférer du pouvoir au peuple et arracher l’économie à 30 ans de croissance basée sur le gaspillage et l’export. Dans cette réforme, on distingue trois objectifs :
– calmer les masses en leur offrant une part supérieure du PIB, et leur permettre de consommer plus : créer un vrai marché intérieur. Il s’agit aussi d’enrayer la vague de manifestations salariales qui atteignaient 637 en 2013 (presque 2 par jour) selon l’ONG hongkongaise China Labour Bulletin.
– Pékin veut fermer les PME improductives, aux produits médiocres et redondants, qui nourrissent la guerre des prix tout en grillant les profits. Elles disparaîtront « naturellement », par leur incapacité à suivre les hausses salariales. Les provinces qui jusqu’alors les soutenaient, devront lâcher prise.
– il s’agit donc aussi d’accélérer la montée dans la chaîne de valeur, et les départs d’industries redondantes vers l’Asie du Sud-Est. Cette fuite est renforcée par la campagne anti-corruption, le renforcement des contrôles financiers et celui des instruments anti-pollution.
Aussi cette stratégie de l’Etat apparait prometteuse de montée en gamme, et d’un enrichissement de la base. Mais elle n’est pas sans risque : 2014 verra sans doute d’abord un tassement de la croissance, accompagné de fermetures d’usines, de hausse des prix et de mouvements sociaux. On assiste même, par endroits et par secteurs, au contraire du résultat recherché par les pouvoirs publics: une érosion des salaires urbains moyens de +14,4% en 2011 à 11,9% en 2012 et (peut-être) 11% en 2013… Selon l’agence Hay’s, seuls 9% des patrons chinois comptent augmenter les enveloppes de plus de 10% cette année—ils étaient 12% en 2013…
C’est donc à une bataille confuse de forces opposées à laquelle on assiste, celle de la volonté politique contre celle du marché. Heureusement pour la Chine, sa conjoncture est meilleure qu’ailleurs en Asie, où seuls 29% des patrons envisagent d’augmenter les salaires de plus de 6%. Aussi à travers le continent, le pays semble en meilleure santé pour supporter l’effort de restructuration, pour mieux rebondir ensuite.
En ce pays où la culture familiale joue un si grand rôle, cette rencontre officielle des pouvoirs de Chine et de Taiwan, PCC et KMT frappe symboliquement les esprits : c’est la première depuis 1949, quand Chiang Kai-chek s’exila sur l’île Formose avec un million d’hommes et femmes, vestiges d’une époque révolue. Depuis, techniquement, les deux rivages restaient frères ennemis.
Or le 10/02 Zhang Zhijun, vice-ministre, patron des Affaires taïwanaises en Chine (cf photo, à droite) et Wang Yuchi (à gauche), ministre du bureau des Affaires continentales, discutaient à Nankin (Jiangsu), ex-capitale nationaliste, se saluant par leurs titres et au nom de leurs « Etats » respectifs.
Ils discutaient de réunification, de liberté de presse, de droit pour l’île d’être représentée dans des instances internationales régionales (strictement refusé par Pékin pour l’instant).
Il en ressortit la promesse d’ouvrir « aussi vite que possible, des bureaux de représentation », genre d’ambassades.
Le lendemain à Shanghai, ils poursuivaient sur une « tasse de thé » durant des heures, tentant d’organiser un sommet Xi Jinping-Ma Ying-jeou. Mais les deux doivent-ils se rencontrer sur pied d’égalité ou bien dans un rapport de nation à province ?
L’important est que Ma, impopulaire ces derniers temps, partisan (minoritaire) de la réunification, s’en va dans deux ans. Nul ne sait qui lui succédera. Dans un tel contexte, Pékin et Ma s’activent, bien conscients qu’ils n’ont pas de temps à perdre. Mais à peine les accolades échangées, dès que l’on discute, les déchirures ressurgissent : l’enfer est dans les détails !
S’il est une politique qui n’a guère changé depuis Mao, c’est bien l
’agriculture, avec son système lourd de prix et de stockage, qui reflétait la hantise de nourrir ce peuple immense. Or Xi Jinping, en 2014, porte un coup de boutoir à cette relique.– Début janvier, le traditionnel document n°1 présenta un message de rupture. Au lieu d’insister comme d’habitude sur les récoltes, il défendait la protection des sols et la sécurité alimentaire, qui devrait être strictement assurée. Il faudrait donc décontaminer la terre, usée par 60 ans d’exploitation aveugle, réhabiliter les 3,3 millions d’ha perdus pour la Chine, passer à un usage raisonné de l’eau, des engrais et des pesticides.
– Un mois plus tard (10/02), le Conseil d’Etat fixe les objectifs de récolte à moyen terme : nouvelle surprise, les objectifs sont notoirement en dessous des besoins. La récolte de 2013, pour la 10 ème fois, avait battu son record, dépassant les 600 millions de tonnes (toutes céréales). Or d’ ici 2020, le paysan devra « stabiliser » l’effort à 550 millions de tonnes.
Ce choix cache une décision bouleversante : le grain manquant devra être importé ! C’est le postulat de l’autosuffisance qui s’écroule. Ce geste était attendu depuis 10 ans, agronomes américains en tête, qui suivent par satellite les emblavures en Chine. Mais pour Pékin, admettre cette évolution inéluctable n’a pu se faire sans un pincement au cœur. Elle n’a plus le choix. Ses sols sont malades, et d’autres nations sont mieux placées pour produire moins cher, maïs ou soja (USA, Australie, Argentine ou Ukraine, à qui Pékin fait dernièrement les yeux doux). « Clairement, dit Wang Yiming, de la CAAS, l’Etat va désormais encourager les céréales de consommation directe comme riz et blé. Quant au grain pour bétail, protéique ou oléagineux, il est tout aussi clair que nous arrivons toujours moins à maintenir la cadence ».
Aussi, la nouvelle politique, implicitement, ouvre plus grand la porte à l’étranger. En Chine, les mieux placés, grands bénéficiaires de ces importations à bas prix, seront les éleveurs de volaille de la côte et du Sud.
– Un 3ème pan de la réforme concernera le lait : le plan nutritionnel pour 2014-2020 (09/02) veut sextupler la consommation à 100ml par personne et par jour, par rapport aux 15ml du plan de 2000-2010. Ceci, afin d’augmenter la prise de calcium du peuple chinois, trop faible. En 2013, l’import de lait en poudre a augmenté de 50% à 864 000 tonnes, surtout au bénéfice de la Nouvelle Zélande qui assure, en valeur, 2/3 des besoins chinois. Son groupe géant Fonterra et d’autres tel Nestlé, investissent dans des usines nouvelles. Danone met 665 millions de $ d’argent frais dans son partenaire Mengniu, 1er laitier du pays. Pour recréer la confiance , détruite en 2008 par le scandale du lait à la mélanine, dans la filière lait, l’Etat veut faire la part belle à l’étranger : demi-tour, après 30 ans de faveur aux producteurs locaux.
– Face à ces manœuvres, la 4ème réforme parait pâle – elle pèse pourtant tout aussi lourd. Après avoir raflé depuis 2011 la totalité des surplus mondiaux de coton (56 millions de balles), la Chine prépare le démantèlement du stockage public, cet outil de gestion du marché, qu’elle veut remplacer par un programme d’objectifs de prix. Ici aussi, il s’agit de forcer les producteurs à penser moins « volume » et plus « qualité ». Adieu donc, la grande muraille agraire et l’économie planifiée : bienvenue à l’imagination et au marché !
Une journée d’
hiver 2013, à l’aéroport de Xi’an, Zhou Jiahong, laissa éclater une joie ingénue : invité par un groupe public à un entretien d’embau-che à Pékin, il avait choisi d’acheter un billet d’avion en 1ère : qu’est-ce que cela pouvait bien faire, c’était tous frais payés !Mais sa joie fut torpillée dès qu’il appela son contact pour annoncer son arrivée, et incidemment, précisa le billet qu’il avait acheté : « pour qui vous prenez-vous, dut-il s’entendre dire, en aucun cas la société ne remboursera ». De rage, Zhou raccrocha et dans la foulée, tira sa révérence. S’il en était ainsi, le job ne l’intéressait plus.
Pour se calmer, il se carra dans un de ces fauteuils de massage du salon VIP, auquel il avait droit grâce à son billet de 1ère classe. Peu à peu, l’indignation s’estompa. Il prit une flute de Champagne, puis deux, puis trois. Avec les bulles, il laissa divaguer son esprit, rêvant d’une vengeance raffinée.
Cette arrogante grosse boite pékinoise, méritait bien une leçon et c’est China Eastern qui allait payer pour elle ! Rentrant chez lui avec la navette de l’aéroport, il mit au point son plan, puis le peaufina dans son demi-sommeil la nuit…
Le lendemain, il s’enregistra sur un autre vol – ce billet plein tarif lui permettait un an de changement sans frais, à volonté. De retour au salon VIP, après un bon cappucino, il se fit servir du caviar du Heilongjiang, puis une généreuse portion de langouste grillée. Il passa la journée à faire bombance, puis le soir venu, retourna par la navette.
Le lendemain, même programme, et le surlendemain aussi. A ce régime, bientôt l’agneau de Nouvelle Zélande, le bœuf de Kobé et les fruits de mer n’avaient de secrets pour lui. Les vins les plus fins coulaient sous son palais : autodidacte de la chopine, il parvenait désormais à reconnaître les aromes (vanillé, fruits rouges…), les touches boisées, la charpente.
Le printemps venu, selon le plan, il se mit à utiliser le Wifi, et les ordinateurs du salon VIP. Ainsi, il étudia les offres d’emploi, distribua son CV, passa des coups de fils… Invariablement, à chaque réponse offrant un espoir de recrutement, il tergiversait, anxieux de conserver son petit confort. Mais ses entretiens, il devait les faire en chuchotant pour rester discret – de ce fait, ses interlocuteurs ne le prenaient pas au sérieux.
Puis Zhou passa à la prochaine étape. Il s’amusa tout l’été à cataloguer les autres, les vrais voyageurs, à imaginer leur passé, leurs positions sociales, et parier sur leurs destinations. Quand ils se levaient à l’appel du haut-parleur, il pouvait vérifier. Dès lors, il apprit vite à distinguer les coureurs de jupons des jeunes mariés, les hommes d’affaires des cadres du Parti, et des nababs allant bringuer entre copains.
Puis une dépression automnale s’abattit sur lui. Il avait prévu de passer le temps à s’instruire, étudier par internet et lire la presse. Mais à sa grande surprise, il se découvrit soudain angoissé par le sentiment de culpabilité, la crainte de se faire prendre. En toute personne qui s’approchait de lui, il voyait un policier venant lui mettre la main au collet.
Avec une telle peur qui lui glaçait la nuque, l’agneau semblait fade et le Champagne avait perdu de son pétillant. Quelques jours avant l’expiration de son billet, il abandonna, rentra au bercail pour ne plus jamais revenir. Il était temps pour lui, de repasser au monde réel.
Chez China Eastern par contre, la découverte de sa fraude fit l’effet d’une bombe : c’étaient 300 jours que le pique-assiette avait passées au salon. A 200¥ le passage (coût moyen estimé), cela faisait 30 fois le prix du billet, qu’il avait d’ailleurs osé se faire rembourser ! Pire, son action était légale, impossible à poursuivre – quoique dans ses motivations, on reconnaisse bien ce goût invétéré de « profiter du système » jusqu’à l’extrême limite.
En revanche le PDG du groupe ne put s’empêcher de rire, réalisant que Zhou, en véritable artiste, avait subdivisé son année aux frais de la princesse en 4 saisons de triche aux sensations si différentes. Pourtant ce programme exécuté avec un tel sérieux, l’avait enfermé dans la solitude monacale. Enfin, ils devaient l’admettre, leur système commercial avait été détourné à la base : ils redécouvraient la vérité primordiale de la maxime antique : « en haut, la stratégie de l’ordre imposé, en bas celle du désordre anarchiste » ! (shàng yǒu zhèng cè xià yǒu duì cè, 上有政策下有对策).
Attention à ne pas faire tomber le maillot à Sanya
Entre 5 et 10 jours : c’est le temps qui vous passerez en prison si on vous attrape à faire du nudisme sur les plages de Sanya ! Interrogés les pieds dans le sable, la plupart des nudistes « habitués » de l’île (environ 500 personnes, majoritairement des hommes entre 40 et 50 ans) le pratiquent car ils pensent que les rayons du soleil guérissent certaines maladies de peau, ou aiment juste savourer ce retour au naturel, le bonheur de s’exposer et nager dans le plus simple des appareils.
Le Secrétaire du Parti, Luo Baoming, lui, est catégorique et a qualifié cette pratique de contraire aux traditions chinoises et de non-civilisée. Aussi, les grands moyens sont employés : caméras de surveillance, pancartes, et patrouilles policières. Cela sera-t-il suffisant pour dissuader les adeptes ?
Le pays du Soleil levant, contre toute attente, une destination à la mode
110 000 visas : Pendant les vacances du Nouvel An chinois 2014, le Japon a délivré plus de 110 000 visas aux touristes chinois (79 000 en groupe et plus de 30 000 individuels) – le nombre le plus élevé depuis l’élection de Shinzo Abe en décembre 2012. Le directeur exécutif de l’Office Nationale de Tourisme japonais commente : « les Chinois se sont habitués aux tensions politiques et sont fatigués des disputes. Ils veulent juste voyager ! »
Pékinois, prenez le métro
1 heure 55 minutes : En 2013 à Pékin, les routes ont été encombrées en moyenne 1 heure et 55 minutes par jour ouvré, soit une augmentation de 25 minutes par rapport à 2012 !
L’interdiction de rouler un jour de la semaine, du lundi au vendredi, selon les numéros de plaques d’immatriculation, ne semble pas être efficace…Dernier effort en date (novembre 2013), le nombre de nouvelles voitures disponibles à l’achat chaque année, va être diminué de 240 000 à 150 000 de 2014 jusqu’à 2017.
632 mètres escaladés à mains nues
632 mètres : deux jeunes Russes (Vadim Makhorov et Vitaliy Raskalov), adeptes des sensations qu’offre l’escalade urbaine, ont profité de l’arrêt temporaire du chantier de la future Tour de Shanghai (2015 – 2nde plus haute tour du monde) pendant le Nouvel An Chinois (31 janvier) pour escalader, illégalement, pendant près de 2 heures, à mains nues, ses 632 mètres (120 étages) et l’immense grue qui la surplombe.
Les deux courageux ont pris des photos magnifiques du ciel shanghaien et de ses deux autres (décidemment petites !) tours (la Jin Mao et le « Décapsuleur » – cf photo). Retrouvez leur vidéo ci-dessous.
14 février, Fête des Lanternes (Yuan Xiao Jie, 元宵節) partout en Chine !
Le même jour, la Saint-Valentin. <p>Au passage, 2014 comportera également 5 vendredis qui tomberont le même jour, même mois : le 04/04, 06/06, 08/08, 10/10, et 12/12—de belles heures en perspective pour le commerce en ligne.23-26 février, Canton : LED, SIGN China, Salons de l’enseigne et de la publicité, de la signalisation et éclairage
24 -27 février, Canton : Music Guangzhou / Prolight + Sound
24 – 27 février, Shanghai : Salon du mariage
25-28 février, Pékin : Green Wood Home, Home Fashion & Decor, WMF Beijing, Salons de constructions de bois et d’ameublement
27 février – 1er mars, Canton : Salon int’l du voyage
Dans une maison de retraite du Sichuan, Wu Conghan, 103 ans, et sa femme Wu Songshi, 105 ans, ont célébré leur 90ème St Valentin !