Diplomatie : Markus Ederer, hier ambassadeur de l’UE, demain vice-ministre allemand

La nouvelle surprit tout le monde : Markus Ederer, ambassadeur de l’Union Européenne depuis janvier 2011, de nationalité allemande, était rappelé par son gouvernement pour servir en tant que Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. 

Belle promotion pour cet homme de 53 ans. Elle était à vrai dire prévisible. Berlin avait envoyé un de ses meilleurs « espoirs » pour devenir le premier ambassadeur sous le nouveau service diplomatique de l’Union et les ordres de Catherine Ashton. L’idée était aussi de l’aguerrir au poste auquel il accède à présent. 

Le 17 janvier 2014, un pied sur le marchepied de l’avion de retour, Markus Ederer faisait à la fois ses adieux à la presse internationale, le bilan de ses 3 ans de poste pékinois et esquissait l’avenir des relations sino-européennes. Voici un extrait de son discours :

De nouvelles plateformes de discussion

Eu China Flag« Durant ces trois ans, même si les échanges commerciaux sont demeurés au centre de la relation, le dialogue sino-européen s’est approfondi dans un sens stratégique. Avec nos partenaires, nous avons créé de nouvelles plateformes de discussion, qui sont certainement appelées à gagner du contenu, s’intensifier et modifier nos relations pour leur donner un nouveau visage au 21ème siècle ». 

« Ainsi sont apparus un Partenariat politique d’urbanisation, un Forum de 1800 maires, experts et urbanistes d’Europe et de Chine, mis en dialogue à travers notre réseau, et une « Taskforce » qui va permettre aux firmes des 28 Etats membres de participer à la conception et à la réalisation de villes nouvelles .

Nous avons aussi créé un Forum de Sécurité-Défense, et constatons sur la plupart des pays et points chauds du globe, de profondes convergences sur les actions à mener pour régler les crises. Par exemple, nous sommes en accord sur le déploiement de forces navales sous commandement conjoint au large d’Afrique Orientale. Suite à cette action, la piraterie a enregistré un recul important l’an dernier ». « De retour d’Afrique, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, nous suggérait l’intérêt de la Chine à discuter avec l’UE du déploiement conjoint de forces de maintien de la paix dans des points de crise comme le Soudan du Sud… »

« Un de nos meilleurs succès commun a été de désamorcer le litige commercial sur les exportations chinoises de produits photovoltaïques, évitant ainsi l’escalade de rétorsions. 

C’était notre plus lourd point d’affrontement, et le modèle de cette résolution pourra servir de base aux règlements de contentieux futurs ». 

« Enfin, nous nous sommes dotés d’un agenda stratégique dit « 20/20 », envisageant les coopérations à mener d’ici 2020.
Nous avons jeté les bases d’un accord de protection des investissements, et avancé vers l’ouverture réciproque du marché des services, ainsi que des marchés publics. 

Notre « trade group » bilatéral a contribué à ce que les investissements chinois en Europe l’an passé augmentent de 90%, une croissance supérieure à celle enregistrée aux Etats-Unis. Bien sûr, on peut faire beaucoup plus, et on part de bas : alors que nous sommes 1ers partenaires commerciaux l’un pour l’autre, les investissements directs provenant de Chine (IDE) ne constituent que 2% du total en Europe, et les nôtres ne font que 3% du total en Chine. »

Le 3ème Plenum – grand espoir 

« Le 3ème Plenum, d’un point de vue européen, est très positif, en imposant à l’avenir un rôle plus important laissé au marché dans la conduite de l’économie. Cela créera une ouverture accrue pour les firmes de l’Union Européenne ». 

« Au plan social, nous avons noté la fin des camps de travail et l’ajustement de la politique de l’enfant unique. Nous restons soucieux sur les droits de l’Homme : sur l’ajournement du procès de Xu Zhiyong (créateur du mouvement des « nouveaux citoyens »), le maintien en résidence surveillée de Liu Xia, la femme du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo, et l’arrestation du professeur Ilham Tohti, activiste des droits du Xinjiang. 

A son propos, nous réclamons qu’il soit traité selon la loi, que les charges contre lui soient publiées, et qu’au cas où la justice ne parviendrait pas à les substancier, qu’il soit libéré. Nous ne donnons ici aucune leçon, nous n’imposons aucun modèle. La Chine ayant tiré de la misère des centaines de millions de citoyens, qui vivent aujourd’hui avec un degré de libertés sans précédent, nous estimons qu’elle va dans le bon sens. Mais cette vision des droits de l’Homme fait partie de notre charte commune, nous l’appliquons au monde entier ».

Nous doter, Europe et Chine, de jeunes cadres au vécu partagé !

Erasmus Plus« Enfin, et c’est peut-être le plus important pour l’avenir, nous avons développé les filières de contacts personnels. Notre nouveau programme universitaire « Erasmus + » (2014-2020) avec un budget de 14,7 milliards d’euros, est ouvert aux échanges avec le monde y compris aux étudiants chinois en Europe et Européens en Chine. La branche Recherche du programme « 20/20 » va renforcer les échanges de chercheurs ». 

« L’idée dans tous ces programmes est de faire que la prochai-ne génération des deux continents se connaisse et se comprenne mieux que celle de ses aînés, la nôtre. Pour que les Européens n’arrivent pas à l’âge de 50 ans pour prendre un poste directeur en Chine sans en connaître la culture ni la langue, comme ce fut mon propre cas »

Ttrois ans, c’est trop court !

« Enfin, pour moi, ces trois ans ont filé comme l’éclair, c’est mon seul regret. C’était un privilège de travailler avec ce pays. Je suis arrivé ici en Européen convaincu. J’en repars encore plus renforcé dans ma foi européenne. Car durant ces années, l’UE face au monde s’est renforcée, elle a renforcé ses institutions financières pour être mieux armée face aux aléas financiers, et face à la Chine comme aux autres pays, elle s’est d’avantage affirmée, se rapprochant de l’échéance où elle parlera d’une seule voix ».

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