C’est devenu la règle : le Salon aéronautique biennal de
Zhuhai (11-16/11) apporte toujours des surprises. La présence d’ Obama à Pékin au même moment, APEC oblige, peut avoir inspiré le leadership à dévoiler un appareil ultrasecret, comme un message que l’APL rattrape en performances les meilleures armées du monde. Aussi le J-31 furtif (cf photo), d’ AVIC-Shenyang, était le clou du salon. Mais sa démonstration en vol n’a pas convaincu les experts : quoique non armé et équipé de réacteurs étrangers (des Klimov russes), le chasseur semble poussif et à ce stade, l’APL elle-même ne l’a pas intégré à sa flotte de combat. <p>Très impressionnant au sol, l’Y-20, d’AVIC-Xi’an, est un appareil de transport inspiré du C17 de Lockheed Martin (Etats-Unis), capable de décollage et atterrissage sur terrain court et accidenté – le complément logistique d’une force de déploiement rapide. Mais là aussi, l’appareil manque de puissance. On l’aura compris : le gros problème de l’aéronautique chinoise est dans la motorisation, et même la Russie, son partenaire militaire n°1, n’atteint pas les performances euro-américaines.Une autre surprise, à ce salon incontournable, fut l’annonce d’un futur concurrent de l’A350 (dernier né de chez Airbus). Co-production sino-russe COMAC et VAC, le C929 vise la certification pour 2023. Contrairement à ses aînés ARJ-21 et C919 (ce dernier, toujours en développement, avec plus d’un an de retard), il serait partiellement en matière composite, pour les ailes. Au demeurant, la grande majorité de l’appareil, moteurs, avionique, alimentation électrique et électronique viendraient de l’industrie occidentale, faute pour les partenaires de maitriser ces technologies. Le volume de production global, 1000 appareils, semble modeste, limité aux marchés intérieurs russe et chinois. Bien sûr, ce projet est avant tout stratégique : il s’agit d’alléger la dépendance russo-chinoise envers Airbus et Boeing alors que d’ici 2033, la Chine sera 1er marché du monde avec 6020 avions commerciaux achetés.
Airbus, qui a livré en 2014, 125 avions, veut doubler en Chine ses achats de pièces d’ici 2020, à 1 milliard de $. De même pour Boeing, à 2 milliards de $. Thales et Safran viennent de signer une JV (11/11) avec AVIC, respectivement d’avionique d’hélicoptère et de moteurs turbopropulseurs. Ne pas croire cependant que la Chine reste sur la touche des marchés mondiaux. AVIC vient de vendre 111 turbopropulseurs Y-12F de 20 places, à une firme californienne de logistique— un avant-goût des choses à venir.
Sommaire N° 37