Editorial : Pékin, entre Plenum et APEC

À la veille du Sommet de l’APEC (10-11 novembre), Pékin met tous les atouts de son côté pour accueillir en grande pompe les chefs d’Etat de la région Asie-Pacifique. Dans la capitale sous haute surveillance, des centaines de milliers de volontaires ouvrent l’œil. Les entrants dans la ville (bus ou train) sont contrôlés 3 fois. Les stations d’essence ne vendent plus de bonbonne de gaz et à 100 km à la ronde, les marchés ont retiré les couteaux des étals. En ville, avec la coopération de six ministères (dont santé, environnement et météo), des brigades de choc s’entrainent inlassablement à déjouer des attaques terroristes.

Dans l’effort désespéré pour nettoyer son ciel (qui stagne depuis un mois dans des miasmes de 100 à 500 PM2,5µ/m3 de pollution), Pékin ferme ou limite 141 de ses usines du 1er au 12/11. Le Hebei en bride plus de 1000 à 200km à la ronde (acier, ciment, chimie). Les chantiers sont gelés, les camions polluants bannis et la circulation alternée un jour sur deux pour les véhicules privés. Comme en 2001 pour l’APEC à Shanghai, tout le service public (écoles, universités, administrations et consortia d’Etat) reçoivent 6 jours de congés forcés (7-12/11) qu’ils devront rattraper les week-ends. Pour les tenir au loin durant cette période, avions et trains supplémentaires sont programmés. C’est la « petite semaine d’or », qui vise à vider la capitale, voire les villes voisines de Lanfang et Baoding, de 35% de leur trafic, et de réduire la pollution de 40%. Détail amusant les Pékinois peuvent voir se croiser dans le ciel les gadgets concurrents d’administrations suréquipées : les drones de la police et ceux de la vigilance environnementale.

Lors de l’APEC, malgré l’hostilité des Etats-Unis, la Chine tentera de séduire un maximum de pays avec sa future Banque internationale du Développement, rivale de la Banque Mondiale. Elle devra également voir naître une convention anti-corruption. Enfin, une rencontre devrait avoir lieu entre Xi Jinping et Shinzo Abe, 1er ministre nippon, surgelant ainsi les points de litige pour rétablir des échanges et investissements en souffrance.
Ce meeting succède à l’autre grand rendez-vous de l’année— le 4ème Plenum (20-23/10). Aussi, cette semaine, les instances planchent à la transcriptions en actes, des décisions prises notamment quant à la campagne anti-corruption. À peine Xi Jinping a-t-il annoncé la fin de la « campagne de masse » (contre le formalisme bureaucratique, l’hédonisme et les gaspillages), Wang Qishan, patron de la CCID (police interne du Parti) déclare que la campagne anti-corruption est là « pour durer ». Il fait arrêter 7000 « cadres nus » qui s’apprêtaient à fuir à l’étranger, et annonce les 1ers fruits de son opération « chasse aux renards » avec l’arrestation de 180 déjà hors frontières. Il fait interdire le mah-jong aux fonctionnaires, et les clubs privés (lieux de débauche) dans les parcs et palais anciens. Faute d’avoir raté lors du Plenum l’inculpation de Zhou Yongkang (l’ex-patron de toutes les polices de 2002 à 2011), Xi fait prononcer celle de Xu Caihou, l’ex-n°2 de l’armée. Jusqu’alors, il se disait que Xu passerait au travers du filet au bénéfice de son état de santé (cancer terminal). Ainsi, Zhou est un peu plus fermement inscrit comme prochain sur la liste des « tigres » à coincer.

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
15 de Votes
Ecrire un commentaire