Dans quels termes vont se retrouver les 10-11 novembre, la Chine et ses voisins riverains de mer de Chine et de mer de Chine du Sud ?
Le 27/10, quand Yang Jiechi, Conseiller d’Etat aux Affaires étrangères, volait à Hanoi en mission de réconciliation (reçu par le ministre des Affaires étrangères Pham Binh Minh), Nguyen Tan Dung, 1er ministre vietnamien partait pour Delhi, reçu par son homologue Narendra Modi. Là, il octroyait au groupe d’Etat indien ONGC deux blocs d’exploration pétrolière (« 102/10 » et « 106/10 »).
Il s’agissait d’un projet commun de prospection dans des eaux vietnamiennes en droit international, mais que la Chine revendique comme siennes (comme la quasi-totalité de la mer de Chine, Est et Sud). Le Vietnam s’engageait à garantir la sécurité des personnels indiens déployés sur ce projet. Mais le seul statut international de l’opération rend bien plus malaisée toute obstruction future par des navires chinois. Hanoi et New Delhi partagent ainsi le risque, assumant le mécontentement d’en face.
En retour, Modi promettait au Vietnam 100 millions de $ pour acquérir 4 navires garde-côtes « made in India », et une livraison de missiles Brahmos à courte portée (indiens, co-développés avec la Russie), une fois l’Inde cosignataire du traité MTCR de contrôle des technologies de missiles.
D’autres coopérations plus anciennes portent sur la formation de pilotes vietnamiens de bombardiers Sukhoi, et de 500 marins au maniement de sous-marins de classe Kilo en partie déjà livrés par la Russie.
Pendant ce temps, avec Yang Jiechi, la chancellerie vietnamienne jouait serré, recherchant une solution durable à la dispute maritime : par exemple, un téléphone rouge entre chefs militaires, en cas de crise aiguë.
En Indonésie de même, on sent le même éveil courtois mais ferme à l’égard de la Chine : le Général Moeldoko, Chef de l’armée indonésienne, avertit la Chine le 30/10, de ne pas « user de sa grande force pour déstabiliser la région », Jakarta ne voulant pas se trouver entraînée dans un conflit territorial en mer de Chine. Mais un tel message, quelques jours après un appel de Xi Jinping (24/10) au Président Joko Widodo, peut apparaître comme un genre de fin de non-recevoir, et en tout cas pas comme un message cordial, alors que Xi venait d’assurer son homologue de la volonté chinoise de rapports « d’amitié et de bon voisinage ».
Entre la Chine et ses voisins, ainsi, la situation semble bloquée entre cette obligation de bons rapports économiques, et les tensions militaires, sur fond de refus de transiger.
Sommaire N° 36