Transports : Le TGV chinois cherche sa voie

Avant de disparaître en 2013, le ministère des Chemins de fer, bâtisseur, investisseur et exploitant unique du réseau ferré, avait accumulé 108 milliards de $ de dettes et était perclus de corruption. C’est ce qui justifie la peine capitale avec sursis, assénée le 17/10 à Zhang Shuguang, ex-vice ingénieur-chef, pour avoir empoché en 10 ans 7,8 millions de $ de bakchichs, sur des achats d’équipements et l’octroi de contrats. Su Shunhu, son adjoint, reçoit la perpétuité, pour un montant de près de 4 millions de $. 

La dette du ministère a été transférée (en partie) à la China Railway Corp, qui en est étranglée, d’autant que l’Etat lui fait emprunter davantage, au titre de nouveaux projets ferroviaires pour soutenir l’économie.
Les derniers en date (16/10) sont trois axes stratégiques : Yuxi-Mohan (Yunnan), 7,2 milliards de $ et 503km vers le Laos ; Dali-Ruili (Yunnan), 4,16 milliards de $ et 336km vers la Birmanie ; Jinzhou (Liaoning) – Bayan Nur (Mongolie), 4,1 milliards de $ et 600km pour le transport du charbon. 

Dans le but d’attirer l’investissement privé, a été créé en septembre un fonds au développement ferroviaire, alimenté par l’ICBC, l’ABC, la CCB et la Banque industrielle du Fujian. Détail bizarre, la BdC –dernière des 4 « sœurs » grandes banques d’Etat-, est absente du deal. La durée du fonds est fixée à « 15-20 ans », son capital est inconnu (autre mystère), et ses intérêts déclarés « stables et raisonnables », sans plus de détail. 

Enfin, CNR et CSR, les géants de construction ferroviaire, accélèrent la quête de contrats pour ses TGV. Aux Etats-Unis, CNR guigne la liaison Los Angeles-San Francisco, à 68 milliards de $ pour 95 rames, voire pour les 1287 km de ligne. Il propose son modèle CRH380BL, capable de rouler à 380km/h. Il affrontera 12 concurrents, du Japon à l’Espagne. NB : le groupe vient de remporter son 1er contrat dans ce pays : à Boston, portant sur 284 rames de métro, pour 567 millions de $.
Au Mexique, la bataille pour la ligne TGV Mexico-Queretaro, 210km à 4,3 milliards de $, sera plus aisée : le consortium de 4 firmes locales et de 4 chinoises dont CSR, est seul candidat.
Les constructeurs chinois sont également sur les rangs en Russie, Thaïlande et Royaume-Uni.

Ce que ce remue ménage signifie : la Chine voit venir la fin de ses programmes d’équipement sur son sol. Il devient urgent de s’imposer à l’étranger. Ses atouts sont ses prix les plus bas, et une forte capacité de financement. Mais lui colle encore à la peau l’accident catastrophique et très mal géré de Wenzhou en 2011. 

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