Le nombre des peines de mort appliquées en Chine est secret. Or la fondation Duihua (« Dialogue ») comble cette lacune (22/10), en publiant un bilan officieux de 2400 exécutions en 2013. Créée en 1999 par l’ex-homme d’affaires américain John Kamm, Duihua s’est fait reconnaître -des deux côtés- par sa défense discrète et « soft » des droits de l’Homme en Chine.
Selon un autre chiffre d’Amnesty International, ce bilan macabre est triple des exécutions pratiquées ailleurs sur Terre en 2013 (778). Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il a baissé de 20% par rapport à 2012 et de 80% par rapport à 2002, où 12.000 condamnés étaient passés par les armes.
Pour 2014 par contre, il faut prévoir une rechute au moins momentanée de tendance due aux violences au Xinjiang, et à leur suite inévitable : l’inflation des peines capitales. Le 13/10 à Kashgar, 12 peines de mort tombent suite à l’attaque à Yarkand du 28/07 : brandissant des haches (de source officielle invérifiable), 59 attaquants auraient tué 37 civils (Hans) avant d’être éliminés dans la contre-attaque. Deux jours après, l’imam de la grande Mosquée de Kashgar était assassiné par 2 ados fanatisés, qui lui reprochaient sa complaisance avec le système. Ils furent condamnés à mort en septembre. Le 12/10, la série noire se poursuit, sur le même mode opératoire d’intifada : quatre commandos suicide, à motos, attaquent un marché Han du district de Bachu (Kashgar), tuent 22 paysans au couteau et aux explosifs, avant d’être éliminés par les forces de l’ordre.
Signes d’accélérations de la spirale délétère : pour la 1ère fois, Al-Qaeda qualifie le Xinjiang de « terre islamique occupée » et prétend la « libérer pour le Califat islamique ». Pour sa part, de source hongkongaise, Pékin envisagerait de transférer 100.000 soldats vers le territoire dans l’espoir de reprendre la main.
Mise à part l’ « exception » du Xinjiang, la justice chinoise, sous l’angle des peines de mort, est donc en progrès. La Chine à l’évidence, va vers leur éradication. C’est sous l’influence d’hommes tel le procureur He Jiahong (aussi auteur de romans célèbres, inspirés de la même trame), qui traque inlassablement les erreurs judiciaires et leurs causes, vénalité du juge ou aveux arrachés sous la torture.
En 2007, la Cour Suprême s’est vue restituer le pouvoir de cassation de peines capitales, assorti d’une révision obligatoire de tous les verdicts émis à travers l’empire. Par ce biais, l’an dernier, 39% des peines de mort ont été renvoyées à leurs émetteurs pour insuffisance de preuves : à char-ge du magistrat de se déjuger ou de reconstruire son dossier d’une manière moins arbitraire et réfutable—vers l’Etat de droit.
Sommaire N° 35