Il se passe bien des choses étranges au Royaume du Matin Calme. Il y eut d’abord la série de fêtes boudées de part et d’autre, tel le 87ème anniversaire de l’APL, l’armée chinoise, ignoré par les Généraux nord-coréens (04/08), la fête nationale chinoise (01/10) où Pyongyang oublia d’évoquer la traditionnelle « amitié indéfectible ». Il eut (12/09) l’arraisonnement d’un chalutier chinois en eaux mitoyennes. La Corée du Nord réclamait 40 000$ d’« amende ». De retour le 17/09, les 6 pêcheurs déclarèrent avoir été battus et dérobés.
Les deux pays sont en froid depuis janvier 2013, quand Pyongyang procéda à un nouveau test nucléaire. Puis la colère chinoise monta d’un cran en décembre, quand Kim fit exécuter son oncle Jang Song-taek, l’allié de Pékin, artisan convaincu de l’ouverture et la réforme économique.
Mais voilà que le 04/10, en un changement de ton dramatique, une mission nordiste s’en vint à Incheon (Corée du Sud) rencontrer des officiels sudistes, lors de la clôture des Jeux Asiatiques, en un meeting sollicité par Pyongyang en moins de 24h. En fait, cette très rare offensive de charme se déroulait simultanément sur plusieurs fronts : vers l’Union Européenne avec laquelle la Corée du Nord organisait une session sur les droits de l’Homme ; et vers l’ONU où elle offrait une rarissime conférence-débat, tout en se déclarant prête à rouvrir les palabres sur le désarmement nucléaire…
La clé de ces mystères doit être dans la disparition depuis le 03/09 de Kim Jong-un, le jeune leader bien-aimé (31 ans, fils de Kim Jong-il, petit-fils de Kim Il-sung). Dans ses dernières images, le dictateur en surpoids boitait– on lui prête 127kg, souffrant de la goutte. Qu’est-il advenu de lui ? Tout est possible.
La Chine réagit avec sa prudence habituelle, laissant les portes ouvertes à tout. Le 07/10, elle avait ostensiblement ignoré le 65ème anniversaire de leurs relations bilatérales. Mais le 29/09, jour du 69ème anniversaire du Parti (coréen) des travailleurs, Xi Jinping en personne promet de « consolider (…) les relations de coopération et d’amitié » avec le petit régime stalinien. Tandis qu’une filiale du Quotidien du Peuple rappelle les conditions chinoises : renoncer à la bombe et se lancer –enfin– dans la course à l’ouverture et au développement.
Sommaire N° 33