Xinjiang : Prison à vie pour le professeur Ilham Tohti

D’ethnie ouighoure, Ilham Tohti, 46 ans, professeur à l’université Minzu (Pékin) enseignait l’économie. En janvier, il a été arrêté avec sept étudiants, transféré à Urumqi, capitale de son Xinjiang natal. Suite à un procès de deux jours, il vient d’être condamné (23/09) à la perpétuité, pour « incitation à la haine raciale » et « association criminelle » et tous ses biens confisqués. Durant le procès, Tohti a rejeté l’accusation de séparatisme et affirmé chercher dialogue et intégration dans le cadre d’une société multiculturelle. 

Ce plus lourd verdict à un dissident en 10 ans, est condamné par l’Union Européenne et les Etats-Unis : un jugement « injuste et peu propice à l’apaisement ». Par la voix de son avocat, Tohti a fait appel. 

Les autorités semblent certaines que Tohti soutenait le terrorisme, d’où leur « tolérance zéro » envers lui. Mais cette inclémence contredit leur espoir de réconciliation et d’harmonie sur le terrain. Par exemple, la subvention aux mariages mixtes au Xinjiang a peu de chances de séduire dans cette ambiance renforcée de méfiance et de rancœur. LIEN

Le raidissement peut s’expliquer par le passé récent et l’évolution négative sur le terrain. Il y a d’abord la violence séparatiste (attentats à répétition) que Pékin dit nourrie par l’étranger. 

On a ensuite le précédent d’une célèbre Ouighoure, Rebya Kadeer. Cette femme d’affaires fut d’abord intégrée, honorée par le régime. Mais ensuite, entraînée malgré elle à une action critique, elle fut emprisonnée. Les pressions internationales permirent son départ en exil : depuis, elle ne cache plus des sympathies envers des mouvances radicales. Pékin peut en avoir conclu que même les modérés doivent être combattus. 

Autre élément agissant, la lutte interne au cœur du pouvoir, pour ou contre la réforme globale de la société, a peut-être forcé certains à faire des compromis avec les conservateurs. Notamment sur des sujets tel le Xinjiang, moins centraux par rapport aux objectifs des réformateurs. 

Enfin, le 21/09 à Bugur (Xinjiang), veille du jugement, trois explosions causaient 50 morts (dont 40 assaillants) et 54 blessés (bilan du 26 septembre). Ce dernier attentat en date a pu peser dans ce verdict de « tolérance zéro ».

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