Le 30 août, l’Assemblée nationale populaire (ANP) révisait la loi sur la publicité, qui après 20 ans, était dépassée. La majorité des élus voulaient interdire la publicité du tabac, responsable d’1 million de décès par an. Ils en furent empêchés car l’amendement du ministère de la Santé pour l’interdiction a été retiré en juin, suite à la pression de l’Administration centrale du Tabac.
C’est un combat vieux de six ans. En 2009, le ministère de la Santé faisait interdire l’usage du tabac dans les hôpitaux. Mais le lobby du tabac est en Chine plus puissant que le ministère de la Santé. Un seul cadre préside à la fois l’Administration (au rang de ministre) et la Corporation nationale du Tabac (comme CEO).
A travers l’ensemble du pays, surtout au Yunnan, cette dernière produit 42% du tabac mondial, 98% du tabac chinois (1700 milliards de cigarettes par an), et remettait en 2013, 133 milliards de $ au Trésor public, 7 à 10% des recettes nationales.
Une telle contribution mérite les attentions des pouvoirs publics : la loi révisée cet été bannit bien la publicité du tabac dans les trains et bus, sur internet, dans les bibliothèques et les parcs. Mais elle laisse la porte ouverte à tout le reste, qui n’est pas sur la liste. Elle permet entre autres de communiquer sur les nouvelles marques, sponsoriser des événements sportifs, poser des panneaux aux bords des routes, et même financer des écoles avec dans la cour de la récré, des slogans tels : « le tabac fait de toi quelqu’un d’utile ».
Un détail dérangeant apparaît : le n°2 de l’administration du tabac, et son plus puissant lobbyiste, n’est autre que Li Keming, frère cadet de Li Keqiang, le 1er ministre. Certes, Keqiang n’est pas soupçonné d’avoir aidé son cadet : Keming occupe son poste depuis 2003 et Keqiang depuis 2012. De plus, le 1er ministre a rejoint il y a des années les rangs des non-fumeurs. Mais pour Li Keming, avoir pour frère le patron du Conseil d’Etat, peut ouvrir des portes…
Photo crédits Reuters
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