Infrastructures : Le grand plan « ville nouvelle » enfin sur les rails

Fer de lance de la réforme, le programme décennal d’ urbanisation de l’équipe dirigeante est passé fin 2013 dans l’ombre, toute priorité allant à la lutte anti-corruption (cf page 2 ) et à la reprise du contrôle de l’armée ( cf édito ). 

Li Keqiang lui-même, le 1er ministre et auteur du plan, reculait en influence – c’était Xi Jinping qui ouvrait en décembre la Conférence Nationale sur les villes d’avenir. Le projet suscita de nombreuses objections quant aux coûts gigantesques de construction et de fonctionnement de ces villes pour accueillir les migrants à égalité de droits avec les citadins. 
En décembre 2013, 52% des Chinois étaient en ville, et selon McKinsey, ils seront 70% en 2030 (990 millions). 

Pour autant, le programme n’est pas passé à la trappe. Par décision du Conseil d’Etat, aux six zones urbaines en place (Pudong, Zhoushan, Binhai, Nansha, Chongqing-Liangjiang depuis 2010, et Lanzhou en 2012) viennent de s’ajouter deux nouvelles, le 10/01 : Xi-Xi’an et Gui’An, au centre du pays. 

Xi-Xi’an, la zone de Xi’an-Xianyang, s’étendra sur 882km². Puissamment soutenue par la capitale du Shaanxi, elle aura vocation d’accueillir les technologies de l’information, la logistique, mais aussi la culture.
Lâché par Xi lors de la conférence nationale, le maître-mot est : « la zone économique de la Route de la Soie », dont le point de départ (vers l’Asie centrale) est Xi’an. Aussi, la nouvelle ville se veut à la fois laboratoire et vitrine du centre-ouest, faite pour attirer et impressionner les pays voisins. Vantone, poids lourd de l’immobilier en Chine, annonce déjà un investissement de 5 milliards $ en 7 ans, pour créer « la grande cité », une micro-ville de 80.000 habitants (équivalent de la ville de La Rochelle) intégrant les fonctions de santé, d’éducation, de loisirs et même d’agriculture, à celles d’industries et de services. 

On voit ainsi les trois signes distinctifs de cette nouvelle « urbanisation à la chinoise » où la planification fonctionnelle entre enfin en jeu, avec des architectes et urbanistes. Elle se fera surtout à l’Ouest (où l’espace ne manque pas), en «clusters» (villes moyennes, intégrées et autosuffisantes) et leur planification comme leur financement, reviendront au secteur privé. L’Etat renonce à son monopole d’initiative, pour se retirer au poste de contrôle. Le Shaanxi a déjà offert 10 mesures incitatives, comme l’électricité à un prix préférentiel, pour attirer les entreprises.

Gui’An, l’autre nouvelle zone qui reliera Guiyang et Anshun dans le Guizhou, sera bien plus grande : 1795km². Dotée de liaisons hors pair (ferroviaires, autoroutières, aériennes), elle attirera une industrie de pointe, des services, loisirs et tourisme.
Un atout sera le groupe Hon Hai (Foxconn) qui emploie 1,2 million de monteurs et assembleurs en Chine (et toujours plus) pour faire face à la demande mondiale en iPad et iPhones.
Terry Gou, son patron taiwanais, y installe sur 260 hectares une usine géante de « 4ème génération », avec sa base-vie pour juillet.
A Gui’An, l’offre de loisirs, l’intégration des fonctions et la neutralité thermique (la faiblesse des émissions de CO²) seront recherchées. Ne serait-ce que pour mettre fin, chez Foxconn, aux vagues de suicides d’employés, trop souvent associées à l’image du groupe les années passées au sud-est du pays. C’est sur ce modèle, assorti d’investissements massifs, que le pouvoir central mise, pour fournir aux villes actuelles une alternative – peut-être un espoir de nouveau départ.

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