Minorités : Xinjiang et Tibet – Montée des tensions à l’Ouest

De longue date, Tibet et Xinjiang sont des zones turbulentes, prônes aux troubles. L’été qui s’achève n’a pas failli à cette réputation : ces « territoires autonomes » aux fortes communautés ouighoure et lamaïste, ont eu chacun leur dose d’incidents. 

Attentats à répétitions au Xinjiang

– Au Xinjiang, l’Etat dénombrait en 1 an plus de 200 morts dans des attentats. Or le 28 juillet près de Yarkand (Sud), ce bilan empira en quelques heures : pour des raisons inconnues (des entraves au Ramadan qui s’achevait le lendemain), des centaines d’émeutiers égorgèrent aux carrefours 37 civils (sans doute des Han), avant d’être exécutés par la police (59) ou arrêtés (215). 

Attribuée par la Chine à l’ETIM, groupuscule séparatiste, c’est l’attaque terroriste la plus violente en ce pays depuis 2009. Pékin désigne le cerveau de l’attaque : Nuramat Sawut, en fuite. 

Le 30 juillet, trois jeunes fanatiques assassinèrent Jume Tahir (cf photo), 74 ans, imam de Id Kah, la plus grande mosquée de Chine à Kashgar, seconde ville du Xinjiang.

 Contraint à avouer à la TV, un des attaquants, 19 ans, expliqua que Tahir, ancien député à l’ANP et vice-Président de l’Association Islamique était devenu « impie », en collaborant avec la Chine. C’est pour Pékin un revers à sa politique de fidélisation du clergé, qui se voit rejeté d’une partie de ses ouailles. 

Dernière attaque en date, le 1er août à Hotan, 9 desperados étaient tués par la police, un était pris. 

Dans ces attentats, la Chine rend coup pour coup. Des dizaines de djihadistes arrêtés ont été condamnés à mort ou à de lourdes peines, d’autres exécutés (treize le 18 août, huit le 24 août). 

Le régime a pu saisir et diffuser comme pièces incriminantes des vidéos tournées par des commandos, ainsi que les confessions de plusieurs de ces combattants tel M. Memetrozi, co-fondateur de l’ETIM et livré en 2003 par le Pakistan. Il est condamné à perpétuité. 

Face à cette recrudescence d’actes violents, le Président Xi Jinping a préconisé la fermeté. 

D’ailleurs, 15 cadres ouighours viennent d’être punis pour fautes graves (19/08) : des membres du Parti et même des policiers ont été accusés d’avoir couvert des terroristes et diffusé des fausses informations, voire rediffusé des documents intégristes ou de technique terroriste venus de l’étranger par internet… 

Zhang Chunxian, le Secrétaire du Parti, emploie tous les moyens pour endiguer les attaques, les débordements religieux. 

Parmi les moyens non répressifs envisagés figure… un dessin animé de TV en préparation pour diffusion nationale : 104 épisodes racontant la légende de Fragant, princesse ouïgoure du XVIII. siècle qui fut la concubine de l’empereur Qianlong. 

Une autre gamme de moyens est économique : le « jumelage » de 13 villes du Xinjiang avec autant de sœurs plus riches de l’Est du pays. 

Enfin, un TGV à 23 milliards de $ de 1770 km doit fonctionner d’ici décembre et mettre Urumqi à 12h de Pékin. 

Un Tibet en convalescence ?

– Au Tibet, face aux débordements au Xinjiang, les troubles constatés été ont été de moindre ampleur, mais néanmoins bien visibles : 40 arrestations le 25 juillet, 10 blessés voire 5 morts vers le 10 août à Ganzi, suite à des différends ayant dégénéré avec les forces de l’ordre. 

Par rapport au passé récent, le plateau semble toutefois en convalescence, avec notamment la quasi-fin des auto-immolations par le feu (129 depuis 2009, une seule en mars cette année). 

Ici aussi, la Chine choisit le chemin de fer pour intégrer et développer la région : pour 2 milliards de $, la prolongation de la ligne Pékin-Lhassa vers Shigatze est ouverte, avalant la distance en 2h au lieu de 5h. 

Enfin, pour ces deux territoires reculés, on peut s’interroger si cette constante action de fermeté et d’investissement économique, associée à une forte migration d’arrivants Han, est bien la stratégie gagnante.

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